Par Stive Roméo Makanga
Le 1er décembre 2023, notre Rédaction publiait le communiqué de S.O.S prisonniers Gabon (SPG), lequel faisait état d’une altercation entre le général Jean Germain Effayong Onong, commandant en chef de la sécurité pénitentiaire, et Lionnel Ella Engouang, président de S.O.S Prisonnier et par ailleurs député transitaire.
Ce dernier, relatant les détails de sa dernière excursion en territoire carcéral, a accusé le cochef de l’avoir étranglé de ses propres mains.
« Il n’avait même pas terminé la phrase que le Général Effayong a bondi comme une panthère affamée sur le Président de SPG et s’est mis à l’étrangler. Le tenant fortement par le cou il criait: “Je ne veux plus le voir ici!” La collaboratrice du Président de SPG, prise de peur par la scène surréaliste qu’elle était en train de vivre en direct, s’est mise à crier dans la salle. Les agents sont alors venus tenir le Président de SPG au niveau de l’avant-bras en disant “dehors!” Une fois hors de la salle, ils ont commencé par nous pousser et ont demandé aux agents en poste à la guérite de nous mettre dehors rapidement » écrivait-il.
Des propos rejetés par le Général Effayong Onong et ses hommes, à la faveur d’un échange avec la presse, duquel ont aussi été associé quelques parlementaires de la Transition, dont Ghislain Malanda, venu eux aussi s’enquérir des faits, lundi 4 décembre courant.
Une rencontre importante, au cours de laquelle le cochef de la sécurité pénitentiaire a révélé les dessous des relations existantes entre son administration et S.O.S Prisonniers Gabon (SPG).
« Nous collaborons avec de nombreuses associations et ONG spécialisés dans la protection des droits de l’homme. Nous entretenons de très bons rapports. Pourquoi est-ce seulement avec S.O.S Prisonniers que nous avons des problèmes ? », a déclaré le général Effayong, révélant que le président de cette organisation s’était rendu coupable d’actes très graves ayant conduit à l’adoption d’une mesure d’interdiction d’accéder à la Prison Centrale de Libreville (PCL).
Au nombre des faits reprochés, l’introduction de téléphones portables de type Androïd au sein de la Prison Centrale de Libreville (PCL), puis remis à des détenus, avec lesquels Lionnel Ella Engongah échangeait régulièrement.
Se voulant Explicite sur cette grave violation des dispositions légales en République gabonaise, le général Jean Germain Effayong n’a pas manqué de brandir des preuves de conversations nocturnes sur Whatsapp entre un détenu et le président de SPG.
D’ailleurs, dans une correspondance du commandement en chef de la sécurité pénitentiaire, datée du 25 mai 2023, le cochef répondait alors au président de S.O.S Prisonniers Gabon : « (…) force est de constater avec regret et désolation, que vous continuez de communiquer avec certains détenus depuis leurs cellules, notamment monsieur Nguindjoi Obame Thomas »
Et de préciser : « Vous êtes sans ignorer que le téléphone portable fait partie des objets prohibés en milieu carcéral et que les personnes qui échangent avec ces détenus s’exposent à des poursuites judiciaires au regard des textes en vigueur ».
Au regard des faits sus-évoqués, le général Jean Germain Effayong a précisé : « J’ai été surpris de constater que le président de S.O.S Prisonniers se trouvait dans l’enceinte de la Prison, à la maison d’arrêt des femmes (MAF), alors qu’il savait bien qu’il faisait l’objet d’une mesure d’interdiction. J’ai donc demandé à mes hommes de le mettre dehors ».
Chose faite. Et pour le cochef, les accusations d’étranglement à lui imputés ne seraient que de vaines tentatives destinées à le salir.
« Sur la base des éléments probants qui nous ont été présentés ici, je peux dire que c’est un non-événement », a déclaré le vénérable Ghislain Malanda.
« Les documents sont clairs. L’interdiction d’accéder suppose que vous restez à votre place et vous laissez les gens faire leur travail. Nous avons des prisonniers déclarés extrêmement délicats. On ne peut pas venir ici avec l’étiquette d’élu ou de député pour venir parler au nom de qui que ce soit », a rajouté le sénateur de la Transition, jugeant que le quiproquo, tel que relaté dans les médias, avait lourdement entaché l’image du général Effayong, qui reste d’abord et avant tout un père de famille.
Interrogé sur cette altercation qui défraie la chronique, Lionnel Ella Engouang dit avoir saisi Paul Marie Ngondjout, le garde des sceaux .
Nous y reviendrons !