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Émergence du secteur agricole au Gabon : Les fines perspectives d’Hervé Omva, coordinateur des programmes de l’ONG IDRC Africa

Par Kongossanews

Par Stive Roméo Makanga

Dans un entretien exclusif, Hervé Omva, coordinateur des programmes de l’ONG IDRC Africa, a partagé ses réflexions sur l’impact de l’investissement étatique dans le groupe CECA Gadis sur le secteur agricole gabonais.

L’annonce récente de l’acquisition par l’État gabonais de 35% des actions de CECA Gadis a suscité des réactions mitigées au sein de la société civile. Cependant, pour Hervé Omva et son organisation, cette initiative représente une opportunité inestimable de développement et de croissance économique pour le pays.

En tant qu’acteur de la société civile et du secteur agroalimentaire, Hervé Omva s’est réjoui de cette décision, soulignant les avantages potentiels qu’elle offre. Il a par ailleurs mit en lumière l’opportunité de création d’emplois et de développement du secteur agricole, ainsi que la possibilité de renforcer les liens entre les producteurs locaux et les entreprises comme CECA Gadis.

« Au moment où l’État gabonais vient de prendre 35% d’actions dans le groupe CECA Gadis, en tant qu’acteur de la société civile et acteur du secteur agroalimentaire, je suis heureux en mon nom propre et au nom de IDRC Africa. Je suis heureux parce que c’est une opportunité de développement. C’est une opportunité de création d’emplois. C’est une opportunité capable de booster le secteur agricole gabonais », a-t-il relevé.

Cependant, l’enthousiasme d’Hervé Omva est tempéré par certaines préoccupations concernant les modalités de mise en œuvre de cette initiative. Il a souligné notamment l’importance d’une approche collaborative et inclusive dans le processus de développement agricole.

Il exprime désormais des réserves quant à l’approche actuelle de la Caisse des dépôts et de consignations (CDC), chargée de mener des enquêtes sur le terrain pour identifier les acteurs du secteur agricole. « Par contre, j’ai appris que la Caisse de dépôt et des considérations est en train d’enquêter, d’identifier, de cartographier sur le terrain les différents acteurs du secteur agricole, parce que ces acteurs-là qui sont des producteurs, pour voir ce qu’ils produisent et éventuellement racheter et positionner au niveau de CECA Gadis », a-t-il indiqué.

Bien qu’il reconnaisse l’importance de cette démarche, il suggère que des efforts supplémentaires doivent être déployés pour engager efficacement les acteurs locaux et garantir leur participation active au processus. « Moi, je pense que la CDC, et je les félicite pour ce dynamisme très actif, gagnerait à économiser beaucoup d’argent parce qu’envoyer des gens sur le terrain c’est de l’investissement », a soutenu le coordinateur des programmes d’IDRC Africa.

Hervé Omva met en avant le besoin de transparence et de concertation dans la définition des besoins et des attentes des grandes surfaces telles que CECA Gadis.

Mieux, Hervé Omva appelle à une approche plus inclusive et collaborative dans le développement du secteur agricole au Gabon. Il exhorte les autorités et les acteurs économiques à travailler ensemble pour créer un environnement propice à la croissance et à la prospérité de tous les acteurs de la chaîne de valeur agricole.

« Donc, sur cette base, les acteurs ont connaissance des besoins réels de CECA Gadis ou des autres surfaces, parce que le même système peut être mis en place avec les acteurs économiques des autres magasins », suggère-t-il.

L’URGENCE D’ALLER ENCORE PLUS LOIN

Pour le numéro un d’IDRC Africa, il est « important d’organiser une table ronde », laquelle réunirait CECA Gadis, la CDC ainsi que « les différentes plateformes de producteurs ». Cette rencontre aurait, de son point de vue, le bénéfice de donner à CECA Gadis l’opportunité de « soumettre la liste de ses besoins, les quantités et les périodicités ». Il s’agit, pour ainsi dire, d’une liste de besoins des produits vivriers et maraîchers, de même que celle intégrant les produits de transformation, leurs quantités et leurs périodes. « Cela va permettre aux uns et aux autres de s’organiser, de sorte d’éviter les sempiternels problèmes de ruptures », argumente Hervé Omva.

« La remarque des grandes surfaces ou des acheteurs se fonde très souvent sur les problématiques liées à la rupture. Cependant, pour éviter cet état de fait, il est crucial de savoir quels sont les besoins réels de CECA Gadis pour le piment local, frais, séché ou en purée. Idem pour l’aubergine et bien d’autres produits. Ce n’est qu’à partir de cet instant qu’il sera possible de produire un outil d’aide à la décision, à la fois stratégique. Dans la même perspective, j’invite le CENOU à faire de même, avec les producteurs », a-t-il martelé.

Avant de poursuivre : « l’initiative du CENOU relative à l’achat des produits locaux pour les restaurants universitaires est tout aussi similaire. Tout ceci constituera des leviers importants du secteur agricole ».

Pour Hervé Omva, il urge désormais de définir, avec CECA Gadis, les questions relatives à la liste des besoins réels des produits sollicités : les quantités, les périodicités et le calibrage (la qualité). Toute chose qui permettrait, à terme, d’organiser l’interprofession des producteurs dans chaque thématique. « Si CECA Gadis a besoin de 10 tonnes de gombos par an, il est possible de mettre en place un réseau de producteurs locaux de gombos. Cela signifie qu’on forme des jeunes à ne produire que le gombo. Cela permettrait aussi d’avoir un surplus de production, qui pourrait servir à la transformation du gombo. Il faut savoir que le gombo sert dans la fabrication de certains produits cosmétiques, et il est aussi possible de le faire sécher », a-t-il argumenté.

Et : « Si CECA Gadis formule ses besoins, cela permettra de nous professionnaliser. C’est ainsi que l’agriculture pourrait devenir un véritable business. (…) le fait de s’asseoir permettra aussi de structurer les choses et de nouvelles thématiques telles que l’assurance agricole, les petits fabricants d’outillages pourraient aussi émerger ».

Avant de conclure : « Au lycée technique, par exemple, ceux qui font le montage métallique pourront fabriquer des houes, des pelles, des râteaux et j’en passe. Il y a tout un écosystème qui peut se mettre en branle grâce à ce que j’ai déjà évoqué. Dans CECADO, par exemple, vous trouverez des rayons de petit outillage. On vend des machettes qui reviennent du Brésil, par exemple. Pourquoi ne vendrait-on pas des machettes qui reviennent des ateliers du lycée technique, des houes et des râteaux des ateliers du Centre Basile Ondimba ? C’est cela la vision réelle de l’agriculture, par laquelle on peut créer des emplois, dynamiser notre économie et la diversifier ».

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