Par Stive Roméo Makanga
Le secteur agricole gabonais fait face à de nombreux défis depuis des décennies malgré les milliards investis par l’État et les bailleurs de fonds internationaux. Alors que de nombreux programmes ambitieux ont été lancés, force est de constater l’absence de résultats concrets sur le terrain. Cette situation interpelle et soulève de nombreuses questions sur la gestion et la transparence de ces projets. Des points cruciaux qu’Hervais Omva, le leader d’IDRC Africa n’a eu de cesse de développer au cours de ces dernières années. Sans langue de bois ni subtilité de langage, ce dernier, internationalement reconnu comme un acteur engagé du monde agricole gabonais, dresse un constat amer de l’échec de ces différents programmes. Il pointe du doigt notamment le manque de résultats tangibles malgré les investissements colossaux, et s’interroge sur la gestion opaque de ces fonds. Pour qui connaît Hervais Omva, peut témoigner de ce qu’il s’est souvent inquiété du devenir du Programme Graine, géré par la SOTRADER SA, dont il réclame un bilan transparent. Il s’est alarmé il y a peu, de la récente nomination d’une nouvelle équipe à la tête de cette entreprise, alors même qu’elle avait été dissoute en 2019.
Face à ce constat, Hervais Omva en appelle à la responsabilité des autorités et à la transparence dans la gestion du secteur agricole. Il invite du reste le Président de la transition à échanger directement avec les agripreneurs gabonais pour faire toute la lumière sur ces dossiers. L’enjeu est de taille, car l’agriculture est un secteur stratégique pour l’avenir du pays.
Une thèse défendue par ce dernier, à travers la réflexion ci-dessous publiée un extenso:
Appel à la transparence et à la responsabilité dans la gestion du secteur agricole
Nous accueillons avec joie cette nouvelle initiative, mais il est important d’appeler à plus de lucidité et de rigueur. L’IGAD existe depuis 32 ans (1992 année de création), mais où sont les résultats concrets ? Qui peut nous dire aujourd’hui combien de milliards ont été investis dans cette structure et où sont les bilans annuels ? Cette même structure (IGAD) à géré le PRODIAG (Projet de développement des investissements agricoles du Gabon) qui avait une enveloppe de plusieurs milliards de FCFA.
Il y a eu également le PNSA (2010/2014) qui était un programme quinquennal de sécurité alimentaire et là encore, des milliards et aucun résultat. Au passage, il y a eu également les 6 fameuses fermes agricoles et toujours aucun résultat et des milliards engloutis. Des projets conduits par le ministère de l’agriculture, il y a eu des masses comme cité plus haut et ne pas également oublier l’un des projets phare qui pour moi a permis d’avoir un début de résultats et a permis le développement de la filière manioc, le PDAR 1 qui a été managé par notre compatriote « Serge Abessolo » et malheureusement notre compatriote malgré les résultats positifs et les recommandations en sa faveur des bailleurs de fonds, il n’a pas été reconduit comme coordonnateur par le ministère de l’agriculture et la suite de la deuxième phase du PDAR 2 un échec cuisant.
Je vous démontre par là que le secteur agriculture a toujours été au centre des programmes des différents gouvernements mais malgré les milliards investis par le contribuable gabonais et les différents bailleurs de fonds tels que la Banque mondiale, l’AFD, la FAO, le FIDA, le PNUD, la BAD il n’y a eu aucun résultats. Depuis l’année 2000 à 2024 vous constaterez que nous avons à la manœuvre dans ce ministère les mêmes acteurs qui ont occupé les différents postes de responsabilités dans différentes directions, cabinets ministériels, coordonnateur et point focaux des différents projets, c’est pourquoi face à ce que je qualifierais d’échec, je pose juste une question à mes contradicteurs : où sont les résultats des milliers de projets initiés et financés à coup de centaine de milliards de FCFA? Il est aussi important de noter que ce sont des fonctionnaires et ils perçoivent un salaire mensuel pour qu’elle résultat ?
Les gabonais continuent de s’interroger particulièrement sur le Programme Graine, qui était géré par la SOTRADER SA en partenariat public-privé avec Olam avec à sa tête un Directeur général gabonais et un coordonnateur national également gabonais. Qu’en est-il de ce programme ? Pourquoi n’y a-t-il pas de bilan de la part du DG et du coordonnateur national dont la mission était de veiller scrupuleusement aux intérêts du Gabon ? Il nous faut des bilans afin de comprendre les raisons des différents échecs malgré les investissements colossaux. Pourquoi le peuple gabonais doit subir cette situation ?
Malgré les investissements importants, pourquoi ne voit-on pas de résultats concrets ? Cette situation nous interpelle et nous nous demandons ce qui se passe réellement.
Notre préoccupation s’accroît et le doute s’installe lorsque nous constatons qu’il y a quelque mois, un conseil des ministres a nommé notre compatriote M. Aubert Ndjila au poste de Directeur général de la SOTRADER SA, avec M. Ngomo Samson comme Président du Conseil d’Administration. Cependant, plusieurs mois se sont écoulés depuis l’installation de cette équipe par le ministre en charge du secteur agricole. Pourtant cette entreprise avait été dissoute par son COPIL en 2019, le journal Gabon Média Time a fait de nombreux articles sur le sujet signé par M. Harold Leckat, éminent journaliste gabonais.
Aujourd’hui, la SAEG est sur la table, mais où est la transparence dans cette affaire ? Nous avons peur que cela ne conduise malheureusement à un énième éléphant blanc si des mesures ne sont pas prises rapidement par les plus hautes autoriés. J’invite humblement le Président de la transition, Son Excellence Brice Clautaire Oligui Nguema à échanger avec les agripreneurs gabonais. C’est nous qui sommes sur le terrain et nous nous battons avec la force de Dieu. Il est important qu’il nous donne cette opportunité qui nous permettra de mettre toute la lumière dans notre secteur. L’agriculture est un enjeu hautement stratégique et l’histoire nous enseigne que la faim à fait tomber des empires et la vie chère qui sévit actuellement dans notre pays met en mal notre vivre ensemble.
Au moment où nous parlons de la restauration des institutions, il est important que la politique des nominations soit revue dans notre pays pour ne pas tuer nos espoirs.
Je crois fermement au changement, je crois en la capacité du Président Brice Clautaire Oligui Nguema avec à ses cotés les membres du CTRI à contribuer de manière significative au développement de notre Gabon, mais excellence Mr Le Président, la SAEG ne doit pas être un énième éléphant blanc géré par ceux-là qui depuis l’an 2000 à nos jours polluent le secteur agricole au Gabon.
Je crois à cet essor vers la félicité.