Par Stive Roméo Makanga
Jusqu’à ce que vous ne dévoyiez la fonction, les valeurs d’un député ont toujours été définies par des principes éthiques et des normes de conduite qui ont longtemps conduit leur travail et leur mission d’intérêt public. Droiture, bienveillance, sens de la maîtrise, discrétion, sagesse et convenance, pour ne citer que celles-là, sont autant de valeurs qui devraient caractériser tout membre de l’Assemblée nationale, fut-elle de Transition. Malheureusement vous en êtes dépourvu, et votre usage compulsif et infantile des réseaux sociaux corrobore bien la thèse que la faute ne saurait vous être imputée, mais plutôt à Brice Clotaire Oligui Nguema, le président de la Transition, qui a cru bon de nommer ou « caser » des « personnes comme vous » dans des institutions aussi prestigieuses que celle à laquelle vous appartenez. Il en tirera donc toutes les conséquences.
Très cher Geoffroy Foumboula Libeka, nous vous avons lu avec grand intérêt ces dernières 24 heures. Qu’il s’agisse de vos circonvolutions navrantes sur la synthèse de vos rapports d’enquêtes parlementaires sur le FGIS et la SNBG, ou de vos sarcasmes sur le rôle supposé de la presse, définie comme le 4e pouvoir, il nous a semblé que vous répondre serait la moindre des choses.
D’abord, vous admettrez que sur un sujet donné et dans un contexte de démocratie, d’autres compatriotes peuvent avoir des avis différents du vôtre. Si vous avez compris ce principe, alors vous admettrez aussi que l’on ne partage pas toujours vos points de vus, parce que vous n’avez ni le monopole de la science, ni celui de la bienpensance. Vous n’êtes pas un monstre sacré.
Ensuite, sur l’affaire SNBG/GSEZ, permettez que l’on vous contredise et que l’on vous dise que vos posts sur les réseaux sociaux ont davantage contribué à manipuler l’opinion, plutôt qu’à l’éclairer. Lorsque vous vous indignez de ce que la Société Nationale des Bois du Gabon (SNBG), rachetée à hauteur d’un million de francs CFA, à titre symbolique, par Gabon Special Economic Zone (GSEZ), il aurait fallu que vous soyez un brin pédagogue. En lisant vos publications, les gabonais auraient dû comprendre le sens de l’expression rachat à un franc symbolique, les conditions qui ont conduit à cet état de fait, et éventuellement les responsables présumés. Au lieu de cela, vos insidieuses interrogations ont perdu les plus susceptibles. C’est certainement votre plus grand art : la manipulation des consciences. Vous y arriverez avec quelques incultes ou amnésiques et Dieu sait qu’ils sont très nombreux, mais nous ne pensons pas que vous séduirez une certaine élite, qui ricane à chacune de vos publications un verre de Moet et Chandon à la main.
Lorsqu’un député, qui plus est 4e vice-président de l’Assemblée étale son ignorance (supposée) sur une procédure de rachat comme celle qui a prévalu entre la SNBG et GSEZ, permettez que l’on se pose des questions. Ignoriez-vous à ce point que la première entité citée était au bord du gouffre, dans une situation financière critique et que l’Etat gabonais n’a pas été capable d’adopter des mesures concrètes pour redresser le bilan de cette entreprise stratégique ? Ignoriez-vous que le ministre de l’Economie et le premier ministre de l’époque, qui ont validé l’entier process de liquidation avaient pris leurs instructions auprès du président de la République déchu, ou plus précisément auprès de ceux qui écumaient le Palais du Bord de mer ? Bien sûr que non.
Enfin, très cher Geoffroy Foumboula Libeka, la presse privée gabonaise n’est pas votre caisse de résonnance pour ventiler à tout va vos digressions et autres sortie de piste. Vous l’exigerez de vos laudateurs, mais certainement pas de nous. Si pour vous avoir la publicité d’une entreprise affichée comme bannière sur son journal suppose une absence d’objectivité dans le traitement de l’information, permettez-nous d’en rigoler. Un tel raisonnement ne peut sortir que d’un esprit étriqué et rabougris.
Vous êtes le 4e vice-président de l’Assemblée de Transition, que l’on sait très chargée, au regard du chronogramme du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). Que faites-vous donc sur les réseaux sociaux au quotidien ? Vous ennuyez-vous autant à l’hémicycle ? Vous avez pourtant rang et prérogatives d’un ministre d’Etat ; comment comprendre qu’à un tel niveau de responsabilités, vous n’ayez aucun sens de la réserve ? Entre la recherche du buzz sur les réseaux sociaux et vos nombreux devoirs, il vous faudra faire un choix car votre usage inapproprié et irresponsable des réseaux sociaux jette aujourd’hui le discrédit sur la fonction de député. La fonction parlementaire exige un comportement exemplaire et un engagement envers le bien commun, des qualités qui semblent vous faire défaut et c’est tout à votre déshonneur.
C’est pourquoi nous pensons qu’il revient aux instances compétentes de tirer les conséquences nécessaires de telles dérives pour préserver l’intégrité et la crédibilité des institutions publiques.