Par Stive Roméo Makanga
Alain Claude Bilie By Nze, le dernier premier ministre d’Ali Bongo Ondimba, a fait des déclarations, très récentes, qui ont suscité un immense intérêt dans l’opinion publique. Invité du Dafresh Morning et de la Radio Urban FM, il a revisité le coup d’État du 30 août 2023, perpétré par les Forces de défense et de sécurité, ainsi que le rapport général du Dialogue national inclusif (DNI).
Dans ces déclarations, Alain Claude Bilie By Nze a démontré une compréhension profonde de la situation actuelle du Gabon, sans atermoiements aucun.
Acerbe dans ses analyses, l’ancien premier ministre a fait observer que, bien que le mandat d’Ali Bongo Ondimba ait été marqué par des échecs, il a tout de même accompli des choses positives. Se voulant pointilleux, il a notamment mis en avant les réalisations dans les domaines de l’infrastructure, de la santé, de l’éducation et de l’économie. « Je reconnais qu’au bout de 14 ans nous n’avons pas fait ce qui était promis, mais nous avons fait des choses. Dans tous les domaines de la vie de la nation », s’est-il défendu.
« Ali Bongo n’a pas tout fait, mais il a fait des routes au Gabon. Il a fait des hôpitaux, des écoles, des centres de formation professionnelle. Il a créé des emplois au Gabon en démarrant la diversification de l’Economie avec la zone de Nkok, avec les plantations de Mouila, de Ndéndé, d’Awouala et avec les plantations de Bitam pour l’hévéa culture. Il a fait de nouveaux ports à Libreville, natamment le nouveau Port d’Owendo. Il n’est pas juste de dire qu’il n’a rien fait », a-t-il énuméré.
Sur la question du présentateur, celle relative à l’exaltation exprimée par les populations au moment du coup d’Etat, l’ancien premier ministre a été très incisif : « il y a plusieurs facteurs qui peuvent faire qu’on perde un pouvoir. Il y a l’usure du pouvoir, il y a la question du nom Bongo pendant 50 ans. Il y a aussi les choix qui ont été fait. On lui a beaucoup reproché d’avoir accordé une place importante aux gabonais d’origine étrangère à ses côtés. C’est quelque chose qui lui a été beaucoup reproché, mais nous n’avons peut-être pas su mesurer à quel niveau il y avait un rejet. Il y a aussi le fait que sa famille à un moment donné a été très visible dans la gestion de la chose publique », a-t-il éclairé.
Qu’on le veuille ou pas, ces arguments, pris objectivement, ont été largement appréciées pour leur réalisme et leur pertinence.
Dans cette émission (Le Dafresh Morning), Alain Claude Bilie By Nze a démontré une excellente capacité à analyser les faits. Il a également montré une grande loyauté envers le président sortant, qu’il a soutenu malgré les difficultés.
En ce qui concerne le coup d’État, Alain Claude Bilie By Nze a déclaré que les forces de l’armée n’avaient pas été unies pour l’organiser. « Vous ne pouvez pas me citer une unité de l’armé gabonaise qui soit sortie pour affronter une autre unité. C’est un coup d’Etat qui a été fait par la Garde Républicaine (GR), et donc par ceux qui étaient censés protéger le chef de l’Etat et les autres n’étaient pas au courant » a-t-il déclaré.
Avant de renchérir: « Il n’y a pas un coup d’état au monde qui soit organisé par toutes les forces de l’armé. Sécurité pénitentiaire, police, marine, armée de l’air, c’est impossible que tout ce monde se soit réunis pour dire on va faire un coup d’Etat ». Ce qui n’est d’ailleurs pas erroné.
Là encore, il faut dire que cette analyse a été largement corroborée par le microcosme politique gabonais pour sa clarté et sa précision.