Par Stive Roméo Makanga
Que se passe-t-il réellement dans notre système judiciaire ? C’est la question que se posent de nombreux compatriotes, après la disculpation de Gérard Fanou, personnalité très puissante à la présidence de la République, très proche d’Ali Bongo Ondimba lors de son second mandat, ce en dépit de nombreux éléments à charge mis sur la table lors de l’audience devant la Cours criminelle spécialisée.
En effet, la disculpation de Gérard Fanou dans l’affaire des malversations financières à la Société gabonaise de raffinage (SOGARA) choque plus d’un compatriote.
Les auditions de Noël Mboumba, ancien directeur général de la société sus-indiquée, et Billy Bendo Edo, ex-directeur financier de la même entité, ont révélé que le premier cité, par ailleurs ressortissant béninois, était bel et bien le donneur d’ordre des décaissements au sein de la SOGARA.
Selon toute vraisemblance, ce bras armé d’Ali Bongo Ondimba avait exercé des pressions pour que la somme de 7 milliards de Fcfa soit détournée des comptes de la société, pour être virée dans l’entreprise Gabon Chemical Company, une autre société appartenant à Alexis Ndouna, le dangereux proxénète qui avait fait la Une de l’actualité au Gabon. Mieux, ladite entité entretenait des liens très étroits avec Ali Bongo Ondimba et Sylvia Bongo Ondimba, l’épouse de ce dernier.
Or, malgré ces déclarations, le nommé Gérard Fanou a été disculpé de tous les faits de détournement de fonds publics, complicité de détournement de fonds publics, instigation au détournement de fonds publics, association de malfaiteurs, concussion et blanchiment des capitaux. Comment est-ce possible ? Seule la Cour criminelle spécialisée a la réponse à cette grosse interrogation qui laisse pantois de nombreux compatriotes.
Contre toute attente, Gérard Fanou est sorti de ce procès sans être inquiété. En revanche, Noël Mboumba a été condamné à dix ans de prison dont 2 mois et 27 jours ferme, ainsi que la confiscation de ses biens.
Pour de nombreux praticiens du droit, au regard de tous les éléments sortis lors de l’audience, Gérard Fanou, en tant que donneur d’ordre, aurait dû être poursuivi et reconnu coupable des délits d’instigation et d’abus de confiance. Il aurait également dû être poursuivi pour le délit de recel du produit de l’abus de confiance ou de détournement de 7 milliards commis au préjudice de la Sogara.
Au lieu de cela, la disculpation de Gérard Fanou est particulièrement étonnante, étant donné les preuves accumulées contre lui. Du jamais vu en ces temps de Transition.