Par Stive Roméo Makanga
Brice Lacruche Alihanga, jugé dans plusieurs affaires, fait face à un troisième procès qui a débuté lundi 3 juin dernier devant la Cour criminelle spécialisée. Accusé de détournement de fonds publics et de blanchiment, ses conseils ont dénoncé une parodie de procès après que les magistrats aient refusé de reconnaître le sens même de « Compte privé », et enfreint délibérément les droits de la défense. Une affaire rocambolesque, qui choque la presse internationale !
Selon les éléments du dossier présentés devant les magistrats, Brice Lacruche Alihanga avait signé un contrat avec Gérard Fanou, expert-comptable au service d’Ali Bongo Ondimba, l’ancien président de la République déchu par les militaires. Ces prestations, effectuées à la présidence, auraient été payées à travers un compte privé de l’ancien président lui-même. Des éléments que la presse internationale, qui traite cette actualité depuis les premières heures, a pu constater.
Face à ce que les avocats de BLA considèrent comme un non-respect des droits de la défense, ils ont décidé de boycotter les audiences. Selon Ange Kevin Nzigou, l’un des avocats, leurs arguments ne sont pas entendus : « Les droits de la défense ne sont pas respectés. Nos arguments ne sont pas entendus. Nous avons entendu des énormités de la part de l’Etat gabonais qui veut se constituer partie-civile dans une procédure pour laquelle il reconnaît lui-même que le compte est privé. La cour estime que nous n’avons pas à répondre et qu’elle va mettre l’affaire en délibéré. Nous estimons que c’est la goutte d’eau de trop. (…) l’avocat de l’Etat dit oui, nous savons que c’est un compte privé mais nous ce qui nous intéresse se sont les fonds, les fonds sont publics », a-t-il dénoncé.
Et : « C’est juste impossible ! La définition des fonds publics c’est quand-même qu’ils sont régis selon les règles de la comptabilité publique. On ne peut jamais avoir des fonds publics dans un compte privé. Si on ne nous permet pas de dire cela pourque la procédure avance, c’est qu’on n’a plus rien à faire dans cette procédure, que le verdict est connu. On participe simplement à une mascarade judiciaire » a-t-il dénoncé.
Face au boycott des avocats, le juge a renvoyé l’audience au 12 juin. Cependant, les avocats de la défense estiment que la cour ne leur permet pas de s’exprimer sur le fait que des fonds publics ne peuvent pas se trouver dans un compte privé. Argumentant que s’ils ne peuvent pas faire entendre ce point de vue, ils participent à une “mascarade judiciaire” et le verdict semble déjà connu.
Qu’en est-il du respect des droits de la défense et la gestion des fonds publics dans le système judiciaire gabonais ? S’achemine-t-on réellement vers une mascarade judiciaire ? La suite des événements sera à suivre avec attention.