Par Joseph Mundruma
Le procès des BLA-Boys, anciens fonctionnaires de l’État démis de leurs fonctions après l’opération Scorpion en fin 2019, a conforté les doutes de l’opinion, au regard des décisions judiciaires biaisées, partielles et partiales, rendues à cet effet.
Au-delà de ce qu’il plaît désormais aux avocats de la défense de qualifier de “parodie judiciaire”, les jugements rendus contre Brice Lacruche Alihanga , d’une part ; et Tony Ondo Mba, d’autre part; mais aussi de Patrichi Tanasa, il faut définitivement entendre que les magistrats auront clairement fait la démonstration de leur instrumentalisation.
La question des “bonus”, pour lesquels certains ont été placés sous mandat de dépôt sous fond de tapage médiatique, tandis que d’autres continuent de jouir pleinement de leur liberté dans leurs nouvelles fonctions, fraîchement nommés au Palais Rénovation, continue d’alimenter les débats.
Au lendemain de l’ouverture des audiences à la Cour Criminelle Spécialisée, Tony Ondo Mba, l’ancien Ministre de l’Energie et des Ressources Hydrauliques, a très clairement apporté des détails sur l’affaire des primes en rapport avec la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog).
L’audience visait donc à établir les responsabilités de chaque acteur dans les détournements présumés de fonds provenant d’un redressement fiscal auquel la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) était astreinte en 2018. De ce qui ressort de cette comparution, la filiale du groupe Eramet se serait acquittée de la coquette somme de 155 milliards de Fcfa.
Conséquemment, Brice Laccruche Alihanga, au titre de Directeur de Cabinet, aurait perçu d’Ali Bongo Ondimba lui-même, la rondelette somme de 5 milliards de Fcfa et Yann Koubdjé, alors Directeur Général de la Comptabilité Publique et du Trésor, aurait lui aussi bénéficié de ces primes très onéreuses. Idem pour Noureddine Bongo Valentin, le délinquant de fils du président déchu.
Outre ces personnages de premier plan, l’on compte aussi des membres du gouvernement, tous bénéficiaires de cette prime spéciale, du fait de leur intervention dans le dossier, ce par le truchement de la Société équatoriale des mines (SEM), administratrice des participations de l’Etat à la Comilog.
Face aux magistrats, l’ancien directeur de Cabinet d’Ali Bongo Ondimba a été formel s’agissant des accusations à lui formulées : les bonus querellés avaient été distribués par Ali Bongo pour récompenser ses collaborateurs du travail abattu pour le redressement fiscal.
« Le bonus qui avait été octroyé pour récompenser chaque personne impliquée dans les négociations dudit redressement fiscal provenait du compte d’Ali Bongo », a-t-il déclaré. Il faut donc entendre qu’Ali Bongo Ondimba aurait personnellement gratifié ses collaborateurs pour l’aboutissement heureux de l’affaire après des négociations acharnées.
Dès lors, il est curieux que pour les mêmes faits reprochés à Brice Lacruche Alihanga et Tony Ondo Mba, par ailleurs écroués de longues années à la prison centrale de Libreville, Yann Koubdjé et Noureddine Bongo Valentin n’aient jamais été inquiétés. De quelle sorte d’immunité ont-ils jouit ? Quelle thèse logique pourrait expliquer le traitement disproportionné sus-indiqué? Dans l’opinion, personne ne comprend grand chose à cette disparité de traitement.
Ces questions se posent avec acuité et exposent (s’il en était encore besoin) la justice gabonaise à ses propres turpitudes. Le refus ferme de Yann Koubdjé, promu conseiller spécial de Brice Clotaire Oligui Nguema, le président de la Transition, et celui de Fabrice Andjoua Bongo Ondimba, à comparaître devant la Cours criminelle spécialisée illustre à quel point la justice gabonaise est instrumentalisée.
Pourtant, ces deux comparutions auraient suffit à démêler le vrai de l’écheveau. Mais l’attitude de la Cour, couplée au verdict biaisé que l’on sait désormais, laisse planer un profond soupçon d’instrumentalisation. Quel dommage !