Par Joseph Mundruma
La Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) est aujourd’hui au cœur d’une tourmente sans précédent. En effet, les coupures d’électricité à répétition dans le Grand Libreville ont donné les preuves de l’incapacité manifeste de cette entreprise à fournir un service public de qualité. Si, dans un premier temps, l’on avait cru que ces délestages étaient dus à la dette de 15 milliards de francs CFA contractée auprès d’AGGREKO, une réalité bien plus sombre se profile à l’horizon. La BGFIBANK ayant pris l’engagement de régler cette dette, il devient évident que les problèmes auxquels est confrontée la SEEG ne se limitent pas à des questions financières, mais révèlent une gestion désastreuse de l’actuelle direction générale.
D’après des sources concordantes, la SEEG aurait délibérément choisi de faire traîner le règlement de cette dette, dans le but manifeste de placer le président de la Transition, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema devant un fait accompli. Cette stratégie, pour le moins pernicieuse, démontre à quel point les intérêts particuliers ont pris le pas sur les responsabilités de l’entreprise envers la population. Pire encore, il semblerait qu’un arrangement secret ait été conclu entre la SEEG et une entreprise turque, visant à remplacer AGGREKO pour un montant faramineux de 700 milliards de francs CFA. Ce contrat, dont les termes restent flous, suscite de nombreuses interrogations quant à sa légitimité et à son utilité réelle, d’autant plus que les services fournis seraient identiques à ceux d’AGGREKO.
Cette situation révèle le management catastrophique du directeur général actuel de la SEEG. Comment expliquer que, face à une crise d’une telle ampleur, celui-ci persiste dans une gestion aussi opaque et controversée ? Les réponses se font attendre, tandis que la population, lasse des promesses non tenues, subit de plein fouet les conséquences de cette mauvaise gouvernance. Le silence assourdissant du directeur général face à la dégradation continue du service public n’est rien d’autre qu’un aveu d’échec.
Cet état de fait permet non seulement de masquer les carences managériales internes, mais aussi de préparer le terrain pour des accords douteux, tels que celui avec l’entreprise turque. Cette dernière, dont l’expérience dans le secteur énergétique est encore à prouver, aurait été choisie non pas pour ses compétences, mais pour des raisons encore obscures, relevant sans doute de calculs politico-financiers.
Il devient dès lors évident que la direction actuelle de la SEEG n’a ni la vision ni la capacité nécessaires pour redresser cette entreprise autrefois florissante. À l’heure où le Gabon aspire à un développement durable et inclusif, comment tolérer que la gestion d’une ressource aussi cruciale que l’électricité soit confiée à une équipe manifestement incompétente ? L’avenir du Grand Libreville ne peut être sacrifié sur l’autel d’intérêts personnels et de stratégies douteuses.
Face à cette gestion calamiteuse, il est impératif que des mesures radicales soient prises pour redonner à la SEEG sa crédibilité. Les responsables de cet échec doivent être tenus pour responsables et répondre de leurs actes devant la justice. La population gabonaise mérite mieux qu’une entreprise gangrenée par des pratiques douteuses et un management incompétent. Si le président de la Transition souhaite réellement impulser un nouveau souffle à la gouvernance du pays, il est temps de faire le ménage au sein de la SEEG, et de replacer l’intérêt public au cœur des priorités de l’entreprise.