Par la Rédaction
Le dernier Conseil des ministres du 31 août 2024 a entériné des mesures individuelles qui ont visiblement suscité des réactions chez de nombreux compatriotes. Si la volonté affichée de faire mieux est manifeste, ce Conseil des ministres soulève néanmoins de nombreuses interrogations en raison des multiples changements opérés, laissant entrevoir d’éventuelles incohérences au sein du gouvernement ou du cabinet du président de la Transition. Les nominations de certains hauts responsables, souvent au détriment de ceux qui s’investissent pleinement pour satisfaire le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) et les populations, révèlent un malaise perceptible parmi les acteurs de la société civile, qui peinent à saisir la logique directrice du président de la Transition.
Cette situation pousse de plus en plus à penser que l’excellence n’est plus l’objectif recherché par les autorités de la Transition, sans quoi les remplacements soudains de cadres au sein du ministère des Transports, en pleine gestion de dossiers sensibles, ne s’expliqueraient pas. Comment justifier, en effet, la mise à l’écart d’un directeur général alors qu’il s’investit pleinement pour restaurer l’image d’une administration longtemps décriée pour sa gestion défaillante des deniers publics ?
Le remplacement du directeur général de la Marine marchande, survenu à contre-courant des événements, semble d’ailleurs avoir été mal perçu par les acteurs de ce secteur. La réaction du président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises et industries (CGPMEI) en dit long sur le climat actuel au sein du ministère des Transports : « Nous avons du mal à comprendre que le président de la Transition décide de procéder au remplacement d’un administrateur qui, pourtant, remplit avec succès ses missions. La quête de l’excellence devrait s’accompagner d’une reconnaissance tangible. Il est motivant de voir un compatriote encouragé lorsqu’il agit avec honneur et compétence, en remplissant correctement les missions qui lui sont confiées. Mais lorsqu’un acteur performant est subitement relevé de ses fonctions, tandis que de nombreux médiocres continuent d’officier sans inquiétude, il y a lieu de s’interroger sur les véritables intentions de ceux qui nous gouvernent. »
Jusqu’à preuve du contraire, le directeur général de la Marine marchande, Ludovic Moundounga, a pleinement accompli ses missions. Il a réussi là où beaucoup d’autres ont échoué, notamment dans la gestion financière de l’institution. Durant ses onze mois à la tête de cette administration, aucun scandale financier n’a été enregistré, aucun trouble social ne s’est manifesté du fait de revendications légitimes, aucun incident technique n’a été constaté, et les rares grèves ont révélé une gestion rigoureuse des fonds publics, avec un refus de céder à des demandes injustifiées de primes. De plus, il n’a jamais eu de conflit ouvert avec son ministre de tutelle. Comment, dès lors, expliquer l’éviction de cet homme dont la gestion exemplaire avait des allures de providence ? Le CTRI cherche-t-il par cette décision à nous faire comprendre que l’excellence n’est pas, en réalité, le but poursuivi au sein de notre administration ?
Il est difficile de concevoir qu’un collaborateur performant soit écarté sans considération pour ses états de service. Faut-il y voir le signe que les véritables décideurs ne sont pas les ministres que l’on nous présente, mais plutôt ceux qui agissent dans l’ombre du cabinet du président de la Transition, et qui dictent qui doit ou non occuper des fonctions au sein de nos institutions ? Ne sommes-nous pas en train de cautionner les mêmes pratiques qui ont conduit aux événements du 30 août 2023 ?
En tout état de cause, l’opinion publique, tant nationale qu’internationale, doit retenir que Ludovic Moundounga est un homme qui s’est pleinement engagé pour réussir là où tant d’autres ont échoué.