Par Joseph Mundruma
Alors que le Ministère de l’Éducation Nationale, sous la houlette de la ministre Camélia Ntoutoume Leclercq, semble avoir retrouvé une certaine accalmie en évitant les grèves et mouvements sociaux récurrents, une vague de controverses surgit ces derniers temps, tout en posant des questions quant à la gestion et à l’état des établissements scolaires à travers le pays. En effet, depuis plus d’un mois, des photos et vidéos circulant sur les réseaux sociaux révèlent des difficultés majeures dans l’environnement d’apprentissage des élèves dans les établissements publics, et provoquent l’indignation des populations.
Un cliché du lycée de Mikolongo, montrant des élèves de 6ème et de 5ème en train de réclamer des toilettes dans leur établissement, a particulièrement choqué l’opinion publique. Ces images esquissent un tant soit peu le manque criant de structures sanitaires fonctionnelles. Une question se pose alors : comment, après les vacances et la rentrée administrative, les chefs d’établissement n’ont-ils pas pris les mesures nécessaires pour entretenir leurs infrastructures, notamment en procédant au nettoyage des locaux et au curage des fosses septiques ? Là est tout le problème.
Le cas de Mikolongo n’est pas isolé. Une vidéo devenue virale montre les élèves du lycée Jean-Baptiste Obiang Etoughe de Sibang au PK9, assis à même le sol ou debout dans une salle de classe surpeuplée, faute de places assises. Par ailleurs, nos confrères de la presse rapportent un autre problème d’envergure au lycée d’application Nelson Mandela : le manque de professeurs de sciences, une situation qui pénalise gravement le suivi pédagogique des élèves.
Ces situations alarmantes, dévoilées à travers des vidéos, photos et articles de presse, suscitent de nombreuses interrogations. Pourquoi ces dysfonctionnements, bien qu’existants depuis des années, sont-ils soudainement révélés à la veille du référendum ? Y aurait-il une volonté délibérée de ternir l’image du Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, et de ses efforts en faveur de l’Éducation nationale ?
Il est pourtant indéniable que, conscient de l’urgence de la situation, le Président de la Transition a octroyé une enveloppe d’un milliard de francs CFA à l’ensemble des chefs d’établissement du Gabon pour remédier, du moins partiellement, aux problèmes d’entretien de leurs infrastructures. De plus, la ministre Camélia Ntoutoume Leclercq s’est engagée activement en parcourant le pays pour distribuer gratuitement des manuels scolaires produits au Gabon, à l’initiative du président et du CTRI.
Dans ce contexte, une question cruciale se pose : à qui incombe la responsabilité de l’entretien des établissements scolaires publics ? Est-ce aux chefs d’établissement de veiller à la propreté et à l’entretien des locaux, ou est-ce à la tutelle, représentée par la ministre de l’Éducation nationale, d’assurer ce suivi ? Cette confusion autour des responsabilités semble donner lieu à des dysfonctionnements graves qui, à terme, pourraient affecter la crédibilité du gouvernement de transition.
Il apparaît également que certains acteurs, tapis dans l’ombre des institutions, pourraient chercher à instrumentaliser ces problèmes pour affaiblir la Transition et la consolidation du CTRI. En provoquant un retour des mouvements sociaux dans le secteur de l’éducation, ils alimenteraient un climat de mécontentement dont profiteraient les partisans du « NON » au référendum. La question reste alors posée : à qui profite ce climat de tensions ?
Face à cette situation, il est impératif que des mesures rapides et efficaces soient prises pour rétablir des conditions d’apprentissage dignes dans les établissements scolaires publics. La réussite de la Transition passe, en effet, par une réponse claire et forte aux défis de l’éducation, afin de protéger ce secteur vital des tentatives de déstabilisation.