Par Stive Roméo Makanga
Dans une déclaration tenue le jeudi 14 novembre courant à la Chambre de commerce de Libreville, Hervé-Patrick Opiangah, président de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS), s’est adressé à la nation pour appeler les Gabonais à voter contre le projet de Constitution soumis à référendum ce 16 novembre. À travers un discours incisif, il a dénoncé les dérives potentielles du texte proposé, tout en invitant ses compatriotes à un sursaut de responsabilité démocratique.
Le leader de l’UDIS a d’abord rappelé la création, en mars dernier, de VISION 2025, une plateforme regroupant 40 partis politiques. Ce collectif s’inscrit dans le cadre de la transition politique engagée par le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, avec pour ambition la restitution du pouvoir aux civils en août 2025. Cependant, malgré cette volonté affichée, le président de la plateforme précitée pointe un manque de transparence et de rigueur dans l’élaboration du projet constitutionnel, qui représente, selon lui, un tournant décisif pour le pays.
La campagne massive en faveur du « Oui » au référendum a été qualifiée de “tonitruante et personnelle” par le leader de l’UDIS. Il s’est interrogé sur l’insistance avec laquelle le peuple gabonais est exhorté à approuver un texte censé émaner de sa propre volonté. Cette démarche, a-t-il affirmé, trahit une méfiance envers les populations et constitue un affront à leur intelligence collective.
Pour l’UDIS, le texte proposé présente des dispositions absolutistes qui menacent les fondements mêmes de la démocratie gabonaise. En premier lieu, il critique la concentration des pouvoirs exécutifs autour d’une présidence de la République quasi omnipotente. Cette dérive, qu’il qualifie de « présidence de droit divin », risque, selon lui, d’établir un régime autoritaire en contradiction avec les aspirations démocratiques exprimées par le peuple lors du coup d’État du 30 août 2023, surnommé « Coup de la Libération ».
Mettant en exergue les lacunes du projet, HPO relève l’importance d’un texte constitutionnel impersonnel et intemporel, capable de garantir les droits fondamentaux et les contre-pouvoirs nécessaires. L’inclusion d’amnisties pour des crimes non spécifiés, la constitutionalisation de la date du coup d’État ou encore l’instauration d’un service militaire obligatoire aux contours flous sont autant d’éléments qu’il dénonce avec fermeté.
Appelant les Gabonais à se mobiliser pour un « NON démocratique », le président de l’UDIS estime que ce vote représente une opportunité unique de tourner définitivement la page du passé. Citant Montesquieu, il a rappelé que « le pouvoir arrête le pouvoir », en précisant que la démocratie repose sur un équilibre des forces et sur des institutions solides, non soumises à des intérêts individuels ou partisans.
« Ce qui nous est proposé pour le 16 novembre 2024 n’est pas bon », a martelé HPO, qui invite ses compatriotes à refuser ce qu’il considère comme une « Constitution chèque en blanc ». À travers un NON retentissant, l’UDIS espère incarner la volonté du peuple gabonais de s’émanciper de pratiques politiques rétrogrades et de construire une nation véritablement démocratique, respectueuse de ses aspirations profondes.
Alors que le référendum approche, cette déclaration de l’UDIS interpelle sur les enjeux cruciaux de ce scrutin, qui ne se limite pas à une simple validation d’un texte, mais engage l’avenir du Gabon et son positionnement dans le concert des nations.