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Affaire des fonds Covid : Dr Guy Patrick Obiang Ndong, bouc émissaire d’un système aux multiples acteurs ?

Par Stive Roméo Makanga  

C’est une affaire qui sent le souffre et le scandale à plein nez. Le Covidgate, comme on l’appelle désormais, agite le Gabon depuis des mois, en cristallisant colère et incompréhension. Mais derrière l’émotion, une question, simple et brutale, s’impose : pourquoi le Dr Guy Patrick Obiang Ndong, ex-ministre de la Santé, est-il le seul dans le collimateur alors que la gestion de la crise sanitaire a été une œuvre collective ?  That is the question.

 

Un COPIL sous Primature, des responsabilités diluées

Revenons aux fondamentaux. L’Arrêté n°08/PM est sans ambiguïté : le Comité de pilotage (COPIL) Coronavirus était placé sous l’autorité directe du Premier ministre. Autour de la table, une brochette de ministres – Économie, Budget, Intérieur, Finances –, chacun chargé d’un pan de la riposte. Le ministre de la Santé ? Un exécutant parmi d’autres, responsable des aspects techniques, mais pas des cordons de la bourse.

Pourtant, aujourd’hui, le procès médiatique et politique semble se jouer en solo. Comme si, dans un orchestre, on ne faisait taire que le violoniste, laissant les autres musiciens jouer sans être inquiétés. Où sont les rapports des Finances sur l’origine des 503 milliards de FCFA ? Où sont les explications du Budget sur leur répartition ? Pourquoi les ordonnateurs, contrôleurs et comptables, véritables gardiens du temple financier, ne sont-ils pas sur la sellette ? That is the question.

Une justice à géométrie variable ?

Les chiffres, eux, sont têtus. L’Union révélait le 26 mai dernier que plus de 500 milliards de FCFA avaient été injectés dans la lutte contre la pandémie. Une manne colossale. Mais qui a décidé de quoi ? Qui a signé quoi ? Si l’on cherche des coupables, qu’on les cherche à tous les étages. Car c’est bien là le problème : en focalisant sur un seul homme, on donne l’illusion d’une transparence tout en enterrant les vrais dysfonctionnements.

Le Dr Guy Patrick Obiang Ndong est-il un bouc émissaire commode ? Peut-être. Mais ce qui est certain, c’est que la vérité ne se construira pas sur des procès inéquitables. Le Gabon a le droit de savoir comment cet argent a été dépensé. Pas de désigner un fusible.

Il est temps de sortir de l’hypocrisie. Si l’on veut vraiment tourner la page, que tous les acteurs rendent des comptes. Pas seulement celui dont le nom fait les gros titres. La justice, pour être crédible, doit frapper à toutes les portes.

Le Gabon mérite mieux qu’un simulacre d’équité. Il mérite la vérité.

Toute la vérité.

 

 

 

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