Kongossanews : monsieur Serge Olivier Nzikoue, pourriez-vous nous parler quelque peu du BEIAA?
D’abord, je tiens, pour que chacun comprenne mieux, à présenter l’administration dont j’ai la charge.
Le Bureau d’Enquêtes des Incidents et Accidents d’Aviation (BEIAA) naît depuis la signature de la convention de Chicago de 1944.
L’ensemble des actes d’adhésion ont été signé par le Gabon le 18 janvier 1962 à Librevillle.
L’article 3 nous place sous la tutelle du ministre seulement, qui est notre chef hiérarchique.
Notre administration est purement technique, à caractère diplomatique. Nous sommes donc des diplomates et jouissons conformément au décret 00235, d’un statut particulier.
Moi, Serge Olivier Nzikoue, je suis Officier de police judiciaire à compétence spéciale. Je bénéficie d’un statut particulier.
Kongossanews : qu’en est-il des départs en formation des jeunes recrutés ?
Serge Olivier Nzikoue : il faut dire que tout cela est consécutif aux derniers audits. Le Gabon avait été appelé à recruter et à former un personnel propre au BEIAA, dans le domaine de l’aéronautique.
Le recrutement de ces agents était une exigence de l’OACI, appuyé par la fiche technique du 1er juillet 2020, de l’inspecteur général des services adjoint, le Colonel Allyanoh Mouenzi Mouenzi.
Mon objectif est de traduire en actes concrets la volonté du chef de l’État, son Excellence Ali Bongo Ondimba qui avait été clair : le Gabon ne doit plus jamais être blacklisté.
Kongossanews : monsieur Nzikoue, pouvez vous nous édifier sur cette enveloppe dédiée à la formation et au fonctionnement du BEIAA ?
Serge Olivier Nzikoue : en brut, nous avons obtenu 420 millions de francs, et en disponible 340 millions de francs. Il faut rappeler que cette administration n’avait jamais obtenu de fonds propres. C’est précisément la raison pour laquelle je tiens à exprimer ma frustration envers la DCAF du ministère des Transports, qui exige un arrêté pris par le ministre, nommant le responsable du budget opérationnel.
Mais je tiens à dire que dans la hiérarchie des normes, le Bureau d’Enquêtes bénéficie d’un caractère dérogatoire.
Kongossanews : monsieur Nzikoue, est ce que tout le problème aujourd’hui ne se situe pas dans l’absence de votre nomination en conseil des ministres ?
Serge Olivier Nzikoue : c’est impossible ! J’ai toujours été utilisé dans le même contexte. Avant la mise à disposition de ces fonds, j’ai accompagné le ministre sortant à l’académie d’Ethiopian Airlines pour une négociation.
C’est moi qui ai monté tous les dossiers en tant qu’expert en la matière, pour permettre la signature des accords avec plusieurs écoles à travers le monde. Et c’est ce même dossier, celui du financement des formations et du fonctionnement du Bureau d’Enquêtes qu’avait défendu le ministre sortant à l’Assemblée nationale.
Maintenant que l’argent est disponible, il est ridicule d’évoquer cet argument.
En tant que cadre du ministère des Transports, en mission officielle à Addis Abéba, je suis celui qui a pesé de tout son poids à la demande du ministre de tutelle de l’époque, Justin Ndoundangoye, sous l’impulsion du président de la République, dans le cadre de la représentativité du Gabon sur la plateforme aéronautique international au recrutement de onze jeunes gabonaises au poste de hôtesses de l’air à Ethiopian Airlines.
Kongossanews : que se passera-t-il pour ces jeunes déjà inscrits dans les différentes académies, s’ils n’y allaient pas?
Serge Olivier Nzikoue : je reste serein. Les plus hautes autorités trouveront une solution pour sauver nos engagements vis-à-vis des écoles auprès desquelles nous avons signé. Le respect du cahier des charges, afin de se conformer aux exigences de l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Il faut aussi préciser que cet argent a été mis à disposition pour eux. C’est donc grâce à leurs dossiers que tout ceci a été rendu possible.
Est-ce que vous imaginez le préjudice que ça pourrait leur faire quand on sait que ces jeunes compatriotes sont allés jusqu’à établir des passeports à leurs frais ? Ils ont subi des différents séminaires de formation de l’aéronautique de base, sans compter des immersions dans une compagnie aérienne de la place.
Kongossanews : nous avons eu l’information que cette formation consistera à former de jeunes pilotes, mécaniciens et hôtesses de l’air à Ethiopian aviation academy. Cette dernière a été baptisée Ali Bongo Ondimba, pouvez vous nous en dire plus ?
Serge Olivier Nzikoue : lors du conseil des ministres délocalisé de Mouila,
Pour être en phase avec la politique du chef de l’État, l’ancien ministre des Transports, Léon Armel Bounda Balonzi, outre les négociations avec les différentes académies devant former la relève, cherchait aussi des voies de création d’une direction générale de l’Aviation civile, porte étendard de la politique générale de l’aviation civile gabonaise.
Malheureusement depuis son départ, on parle de moins en moins de toutes ces réformes et initiatives.
Le choix porté sur le nom du chef de l’État s’explique. Le président de la République Ali Bongo Ondimba, bien que beaucoup ne le sache pas, est un grand passionné de l’aviation. Nous estimons, qu’il n’y aura pas meilleur parrain pour cette formation que lui. Nous souhaitons qu’il procède à la remise des diplômes qui seront délivrés par cette première académie africaine d’aviation basée à Addis Abéba, ville abritant le siège de l’Union Africaine.
Une autre confidence. Le chef de l’État, en père de famille et père de la nation, en marge d’un sommet de l’Union Africaine à Addis Abéba, avait reçu le jeune Kevin Kombila, inscrit par mes soins dans une académie de pilotage. Au sortir de l’audience, il avait financé le reste de la formation de ce jeune compatriote sur fonds propres. Par la suite, il est devenu le plus jeune pilote sur Boieng 737 NG.
Kongossanews : monsieur Nzikoue, de vous à nous, pensez vous que des gens puissent détourner cet argent ?
Serge Olivier Nzikoue : un proverbe du sud du Gabon stipule que quand tu pointes du doigt un sorcier en journée, la nuit il est affaibli. Du moment que tout le monde a la preuve, y compris les agents qui exercent déjà pour le BEIAA, et c’est d’ailleurs pour eux que cet argent a été dédié, je ne vois pas qui voudrait s’exposer là dessus. Je dois vous rappeler que les opérations Mamba et Scorpion ne badinent pas.
Même moi même, en tant que premier responsable du BEIAA, mon rôle de limite à l’engagement que j’ai pour le rayonnement de cet organe. L’unité opérationnelle qui a été accordée s’épuiser à par des règlements qui s’engageront entre les fournisseurs de services et académies, et le trésor Public qui procédera lui même aux règlements.
Kongossanews : à votre avis, pourquoi subissez vous des persécutions au niveau professionnel ? Qu’en est-il réellement ?
Serge Olivier Nzikoue : c’est le fait d’être en phase avec la mise en pratique de la politique du chef de l’État. Cela n’est pas souvent bien vu par beaucoup. Mon rôle et celui du BEIAA est d’emmener le Gabon à se conformer aux exigences internationales. En ma qualité d’OPJ en la matière, je suis l’oeil et les oreilles du pouvoir judiciaire.
Ce que ces derniers ignorent, c’est qu’en faisant entrave à mes missions, l’impact au niveau international est grand. Étant le seul spécialiste en la matière au Gabon, et considérant le caractère diplomatique du BEIAA, un simple rapport auprès de l’OACI mettrait à mal le pays. C’est l’occasion pour moi d’attirer l’attention des plus hautes autorités. Entre les prisons planifiées, les interpellations par la DGR et les services spéciaux et les projets d’assassinat, je sollicite aujourd’hui la sécurité auprès de certaines autorités en tête desquelles le président de la République, la première ministre et le ministre des Transports. J’ai été recruté dans la fonction publique à la demande du président de la République, avec un statut très particulier. J’en suis d’ailleurs très reconnaissant. Aujourd’hui, je ne comprends pas cet acharnement sur ma personne. Mes droits sont arbitrairement séquestrés. Ma suspension de solde sans motif valable, sans aucune notification, et la confiscation de mon véhicule de fonction qui est du reste une exigence internationale.
Le véhicule est séquestré par le lieutenant Ntori Carl de la DGSS, jusqu’à présent, sans notification officielle. Je me demande moi même les raisons d’un tel acharnement. J’ai pourtant fait la fierté du Gabon à l’échelle internationale.
Kongossanews : monsieur Nzikoue, que comptez vous faire au vue de tous ces rapports conflictuels?
Serge Olivier Nzikoue : Je m’en remet simplement au président de la République.
Agnès Limori