Conflit social à l’AGASA : le DG Jean Delors Biyogue Bi Ntougou dénonce « une cabale » et défend ses réformes
Par Stive Roméo Makanga
Face au mouvement de grève initié par le Syndicat national des travailleurs de l’Agasa (SYNATA), le directeur général de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA), Dr Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, a convoqué la presse nationale ce jeudi 2 octobre pour « livrer sa part de vérité ». Loin de se laisser impressionner par ce qu’il qualifie de « tumulte », il a affirmé que l’agence poursuit ses missions et que les résistances actuelles relèvent d’anciens réseaux accrochés à leurs privilèges.
Une maison minée par la corruption
Nommé le 28 décembre 2024 avec mission présidentielle de redresser, restructurer et redynamiser l’AGASA, le DG dit avoir mené un « diagnostic profond » de l’institution. « La maison était gangrenée par la corruption, le détournement des recettes et la démobilisation du personnel », a-t-il confié, en évoquant une dette de 938 millions de FCFA héritée de ses prédécesseurs.
Sur cette base, il a élaboré le plan Ambitions stratégiques 2027, validé par le conseil d’administration. Ce plan fixe trois étapes : la restructuration (2025), l’impact (2026), puis la stabilisation et la croissance (2027). « J’ai compris que le problème ne venait pas des directeurs généraux qui se succédaient, mais d’un système verrouillé depuis plus de 14 ans », a-t-il insisté.
Pour rompre avec ce système, Jean Delors Biyogue Bi Ntougou a procédé à des réaffectations de personnel, particulièrement dans des services sensibles comme l’informatique. « Certains volaient l’agence à ciel ouvert. Nous avons demandé des explications, déplacé des agents là où ils sont moins nuisibles, et engagé quelques procédures auprès des services compétents », a-t-il expliqué.
Il a également mis en place une délégation provinciale spéciale pour l’Estuaire, avec des brigades permanentes de contrôle à Libreville, Owendo et Akanda. Cette réforme a, selon lui, apporté plus de transparence et multiplié les inspections, mais elle a aussi réduit l’influence de certains cadres, désormais vent debout contre sa gestion.
Dans son propos, le patron de l’AGASA n’a pas manqué de révéler l’existence d’un système de « tontines » au sein même de l’institution, fait à partir des recettes collectées sur le terrain auprès des opérateurs économiques.
La polémique du bus et la dette sociale
Parmi les griefs du SYNATA, figure la « confiscation » du bus de service. Le DG dément catégoriquement : « Le bus n’a jamais été confisqué. Il a été réaffecté aux brigades de terrain, puis mis au garage pour réparation. Parler de séquestration est une manipulation. »
Concernant la dette sociale vis-à-vis de la CNSS et de la CNAMGS, il précise que celle-ci remonte à 2021, bien avant sa nomination. « Dès mon arrivée, j’ai renoncé à mes avantages de DG (carburant, perdiems, budget de représentation) afin de constituer une épargne pour commencer à apurer cette dette », a-t-il déclaré, tout en regrettant que ce geste soit passé sous silence.
« Une grève illégale » selon la direction
Pour le directeur général, la grève actuelle est moins liée aux conditions de travail qu’à une volonté de préserver des acquis. « La cabale vise à faire sauter un DG qui applique les textes. Ils se vantent d’avoir fait tomber mes deux prédécesseurs », a-t-il dénoncé. Il ajoute que le mouvement est « illégal », car engagé alors qu’un processus de négociation était encore en cours.
Il a rappellé d’ailleurs que plusieurs engagements issus des discussions de juillet-août ont été respectés, comme la signature du contrat du médecin du travail et l’annulation de la création de nouvelles directions. « Le seul point de désaccord concerne les affectations. Mais comment demander à un DG de renoncer à une restructuration validée par le conseil d’administration ? »a-t-il interrogé.
Transparence et reddition de comptes
Se réclamant d’une culture de gouvernance héritée de son expérience aux Nations Unies, Dr Jean Delors Biyogue Bi Ntougou a insisté sur son attachement à la traçabilité des finances et à la reddition des comptes. « Comment peut-on m’accuser de détournement quand je propose d’associer les syndicalistes à une commission de suivi des comptes ? » a-t-il rétorqué.
« Le seul sou dépensé en République gabonaise appartient aux citoyens. Ils ont le droit de savoir et j’ai le devoir de rendre compte », a conclu le DG, qui se dit déterminé à poursuivre son plan de redressement malgré les pressions.
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