Le 28 mai courant, le chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, s’est adressé aux populations. Une énième fois, depuis le début de la crise sanitaire, apparue fin 2019.
Dans son allocution, le président gabonais, après avoir félicité le personnel de santé, a fait l’annonce d’un allègement de mesures restrictives liées à la pandémie, toutes décidées par son gouvernement depuis plus d’un an.
Les mesures, dites “salutaires”, ont le “mérite” d’avoir fortement amoindri le tissu économique, devenu très hypothétique, et augmenté la précarité des populations, lesquelles sont désormais de plus en plus nombreuses à exiger la mise à plat de tout.
Au palais Rénovation, pas question d’accéder à ces demandes.
Pourtant, le chaos est perceptible. Avec la fermeture des bars, restaurants et autres petits commerces grâce auxquels les gabonais prenaient en main leur existence, le chômage s’est accru de façon exponentielle.
Nonobstant la dernière allocution du chef de l’État, qui a annoncé l’ouverture des bars et restaurants jusqu’à 20h30, avec pour condition d’accès la présentation d’un test PCR négatif par les clients, l’exaspération des populations ne retombe toujours pas.
Le couvre-feu, désormais repoussé à 21h, au lieu de 18h, est également loin de satisfaire.
Si l’Éxecutif gabonais se satisfait de ces décisions, au sein des populations, l’appréciation est toute autre.
Et comme la crise sanitaire est loin de ne concerner que le Gabon, de nombreux pays africains ont fait la différence, dans leur approche de gestion de la pandémie.
Au Cameroun, pays de la sous région, beaucoup plus important que le Gabon, il y a belle lurette que le couvre-feu a été supprimé, les autorités estimant qu’il ne fallait pas plus longtemps mettre un frein à l’épanouissement global des populations, et empêcher que l’économie du pays ne poursuive son chemin.
Dans les rues, même les bavettes ont disparu: ” Au début, nous avons fait comme tout le monde. Il y avait un couvre-feu et la police était sur le terrain pour faire respecter les mesures. Mais à partir du début de la seconde vague de l’épidémie en France, tout a été revu ici. Nous avons repris notre train de vie normal. Les populations vaquent à leurs occupations, le Corona c’est de l’histoire ancienne” confie Denis, résidant à Douala, au Cameroun.
Et d’ajouter : ” Ici, le port de la bavette est recommandé. Mais pas du tout obligatoire. Du coup, personne n’en porte”.
Idem au Togo, où la vie normale a également repris depuis des mois.
“Chez nous, en Afrique de l’ouest, le couvre-feu a disparu depuis longtemps. Les gens ne portent même pas de masques. Chacun se débrouille et tout le monde se porte à merveille” rapporte Jérôme, depuis Lomé.
Des témoignages qui en disent long sur l’obstination du gouvernement gabonais à maintenir coûte que coûte des mesures devenues à la fois criminelles pour les populations et l’Économie du pays.
Stive Roméo Makanga