Depuis sa nomination au palais Rénovation, Jessye Ella Ekogha ose tout, quitte à s’essuyer les pieds sur tous les agrégats de la Communication présidentielle, ceux là même qui constituent le socle de sa robustesse. Pourquoi il est temps de réagir.
Le 28 mai dernier, le chef de l’État a annoncé un “allègement” des mesures liées à la pandémie actuelle.
Le jour suivant, le tour est revenu au gouvernement d’en faire un exposé, presque vitupérant, s’efforçant tout de même de balayer les aprioris des uns, de même que toutes les ombres chinoises qui ont pu courir sur le sujet.
Lundi 31 du même mois, le patron de la Communication Présidentielle a à son tour convié les médias, dans l’intention, a-t-il précisé, de faire le point de l’actualité du numéro Un gabonais, les mesures d’allègement constituant l’un des sujet-clés.
La veille, c’est à dire dimanche, les services de la Communication présidentielle m’adressaient une invitation, par téléphone, prétextant que par souci de rotation, les journalistes d’ordinaire absents lors de ces échanges, avaient été (enfin) conviés. De ce nombre j’en faisais parti.
In situ, j’ai pu faire deux incroyables constats.
Le premier, un Jessye Ella Ekogha pas très à l’aise avec sa diction, butant sur les ⅔ de ses notes de conférence, qu’il ne quittait pourtant pas des yeux.
Le second, à la fin de la rencontre, un protocole conduisant les professionnels de la communication dans une salle mitoyenne pour émarger sur un document, après perception d’une somme de 10.000 francs CFA, payée à titre de “perdiem”.
Une “tradition”, m’a t-on expliqué, et à laquelle j’ai refusé de me conformer, préférant garder ma dignité de journaliste libre et indépendant.
Le jour suivant, mardi 1er juin courant, la publication d’un “article” nauséabond à mon sujet par un site pompeusement dit de presse a fini de nous convaincre de l’idée que la haine demeure incontestablement une métastase de l’ignorance chez certains.
“Sur quels modèles notre pays s’inspire-t-il pour décider du maintien du couvre-feu comme mesure restrictive, sachant ce dernier fortement meurtrier pour une grande partie de la population, laquelle exprime d’ailleurs son agacement ?” Telle a été ma question au “super” communiquant de la présidence de la République.
Le Gabon s’appuierait “sur les modèles qui fonctionnent”. A-t-il répondu, sans jamais dire lesquels.
Cette réponse, à la fois creuse, imprécise et évasive illustre au plus haut point ce qu’est devenue la communication Présidentielle aux mains de Jessye Ella Ekogha.
Pourtant, par souci d’analogie, des précisions majeures lui ont été faites.
l’Afrique du Sud, pays très touché par la pandémie, à l’échelle continentale et mondiale, a fait le choix, par un couvre-feu fixé entre minuit et 4h du matin, de permettre que l’économie locale remonte la pente, par crainte d’un désastre.
Au Cameroun, pays de la sous région, au Togo, Mali, Côte d’Ivoire et bien d’autres dans l’ouest de l’Afrique, il y a belle lurette que le couvre-feu a été dynamité.
Quels sont donc ces modèles qui “fonctionnent” et dont le Gabon se serait profondément inspiré ?
L’incroyable imprécision du Communiquant en chef de la présidence de la République étonne. L’on se consolera de ce que ce n’est pas un fait nouveau.
Faut-il expliquer, tout de même, que dans le contexte d’une République, il ne s’agit pas simplement de savoir ce que la loi permet ? Les sensibilités qui la reçoivent comptent aussi.
Et donc, pour légitimes que peuvent être ces mesures d’allègement dans leur globalité, elles doivent néanmoins et nécessairement être soutenues par des exemples concrets, qui serviraient de référentiel aux populations.
Il y a certe la loi, et ici les mesures, qui donnent les limites, mais il y a aussi les sensibilités, comment chacun vit les mesures restrictives.
Il y a des choses sur lesquelles il est judicieux de rester délicat et dans le cas d’espèce, il revient à la Direction de la communication Présidentielle de l’être dans ses explications.
On ne gouverne pas sur des bêtes, mais des hommes.
Par le déni, l’ironie et le cynisme, la DCP pense qu’en éludant les maux, en s’attaquant à Stive Roméo Makanga et en se gargarisant par média interposé de l’avoir “envoyé dans les cordes”, elle évitera de facto le phénomène.
Les choses devraient être claires. La Communication présidentielle, pour être spéciale et particulièrement singulière, n’est absolument pas un outil dont on devrait se servir pour faire étalage de ses frustrations et régler ses comptes avec quiconque. Elle est l’image d’une institution de haute considération, laquelle au moment opportun, vient rassurer les populations sur les doutes et les craintes qu’elles peuvent nourrir sur un sujet préoccupant.
La DCP partage dans le détail, en usant d’une pédagogie exemplaire, la substance de la pensée du chef de l’État à ses compatriotes.
Elle informe, ici comme à l’international, sur les activités du président de la République.
Elle crédibilise et apporte force et vie aux orientations d’un homme, le président de la République, qui a l’onction du peuple pour mener les destinées de tous vers un horizon meilleur.
C’est, pour le moment, tout ce que l’actuelle DCP n’est pas. Dommage !
Stive Roméo Makanga