S’il avait été un scénario de production cinématographique nollywoodien, il aurait obtenu une distinction de bon calibre. Marinette Meyie Ella, greffière cette année à la retraite, est désormais retenue contre son gré, prisonnière dans sa propre résidence, par le fait de magistrats corrompus dans l’appareil judiciaire. La compatriote à la retraite cette année végète désormais dans des conditions abominables.
L’on ne le dira jamais assez : la corporation des magistrats compte parmi les plus corrompues au Gabon. Preuve en est encore de l’Affaire Marinette Meyie Ella dont, nonobstant la décision de justice rendue en faveur de la plaignante, au tribunal de Commerce, a été curieusement cassée en appel.
Désormais recluse depuis plus de 5 ans dans les quelques pièces encore disponibles qui lui servent encore de refuge, les principales allés de sa résidence étant envahis par les commerçants, Marinette ne s’en sort plus de l’état insalubre des lieux.
Les faits
À l’origine, il s’agit d’un bras de fer opposant cette compatriote à l’un de ses frères cadets, Christian Bekoung Ella, qu’elle décrit comme un “vaurien foncièrement opportuniste”.
Suivant son témoignage, Marinette Meyie Ella alors hors du Gabon, aurait confié la garde de sa propriété à ce dernier, par ailleurs considéré par elle comme son fils, puisque l’ayant particulièrement élevé, et soldé ses frais d’hébergement et de formation dans une université à l’étranger.
Sur un concours de circonstances, la propriété a progressivement mué de résidence privée en marché, lequel a depuis plusieurs années déjà pignon sur rue à Venez-voir, dans le 3e arrondissement de Libreville.
Christian Bekoung Ella, qui en assure désormais la pleine gestion, procédant à l’attribution des espaces, collectant les taxes sans que Marinette Meyie Ella, propriétaire des lieux ne soit consultée avant l’exécution de ces opérations.
À l’issue d’épuisantes concertations familiales infructueuses, désireuse de disposer pleinement de son bien, qui n’est pas familial, Marinette fait le choix de porter son indisposition devant les autorités compétentes.
Ainsi, la décision du tribunal rendue le 25 juin 2021 dernier est formelle. Elle ordonne “La résiliation du contrat de bail liant dame Meyie Ella Marinette à sieur Bekoung Ella Christian : ordonne en conséquence l’expulsion de ce dernier ainsi que celle de tous ces occupants de son Chef des locaux loués.”
Pourtant, Christian Bekoung Ella, confiant malgré la décision de justice, continue de dicter sa loi au sein de l’espace, source du conflit.
“L’affaire est bloquée. Christian a corrompu les magistrats et ce n’est pas la première fois. Je l’ai moi même entendu au téléphone lorsque la décision était sortie. Il s’était exclamé, disant que ce n’était pas possible, qu’il arrivait au tribunal et qu’il devait arranger les choses. Il a prit son sac, celui dont il se sert toujours pour mettre de l’argent lorsqu’il va corrompre les autorités” révèle la sexagénaire.
Sur cette affaire, Marinette dit avoir saisi toutes les autorités en lien direct avec ce type de dossier. La police, le tribunal de Libreville et même la municipalité. Mais la situation n’a pas bougé d’un iota.
“Léandre Nzue avait même effectué une descente impromptue ici, dans ma propriété aujourd’hui devenue un marché. Il était accompagné du procureur Nzahou, de la Police, la gendarmerie et les médias. Il lui avait demandé les documents afférents à l’exercice de cette activité. Christian avait avoué qu’il n’était pas en règle depuis 2012. Ils ont voulu l’embarquer mais après un bref échange, ils l’ont relâché. Ensuite, Christian s’est rendu chez Léandre avec un sac rempli d’argent. Il avait mis plusieurs liasses dedans. Lorsque je suis allé ensuite me plaindre, ils ont refusé de me recevoir. Ils avaient déjà mangé l’argent” relate-t-elle.
Outre le marché, une activité illégale et obscure s’y serait même développée: “Certaines nuits, il y a des camions qui débarquent des étrangers ici, que je n’ai jamais vu. Ils s’activent toute la nuit, puis disparaissent avant le lever du jour” confie-t-elle.
Une situation qui a vite fait de convaincre l’ancienne greffière de la nécessité de s’entourer de protection. “J’ai peur en permanence. À mon âge, je ne peux pas vivre dans toute cette insalubrité et le tribunal par ces magistrats corrompus, qui m’empêchent de jouir de ma propriété. Je suis consterné”
Ce vendredi 20 août, excédée, Marinette à décidé d’aller trouver domicile dans le palais de justice, jusqu’à expulsion des occupants de sa résidence.
Une énième affaire de Corruption qui éclabousse au plus haut point l’appareil judiciaire.
Nous y reviendrons.
Par Stive Roméo Makanga
