Par Stive Roméo Makanga
Le microcosme politique gabonais a ceci de particulier qu’il pullule de personnages douteux, inconséquents, souvent à la recherche d’intérêts multiformes, que peuvent leur garantir leur positionnement. Et, à quelques mois seulement du scrutin présidentiel, comme le veut désormais la coutume chez nous, toutes les girouettes annoncent désormais tambours battant leur ralliement au Parti démocratique gabonais (PDG), devenu (étrangement pour eux), la formation politique adéquate, capable de sauver le Gabon.
Un exercice auquel s’est honteusement livré, il y a peu, les transfuges du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM). Plus étonnant et, on s’en doutait quand même, c’est que le Parti démocratique gabonais (PDG), auteur du travail de sape de la formation politique d’Alexandre Barro Chambrier, a garanti aux nouveaux venus des postes non moins négligeables dans l’administration de la mairie centrale de Libreville.
Il s’agit de Adrien Widah Akendengue, promu chargé d’étude du directeur général, et de Landry Moussavou Ly, chargé d’études à la direction générale de l’environnement, pour ne citer que ceux-là.
Si les protagonistes cités en sus ont obtenu la récompense de leur revirement, d’autres, en revanche, et il s’agit de Gervais Meye M’Ayong, Gelaz Mboumba, Diane Ozimo, Diane Massolo et Mabys Mangoye Patrick, attendent probablement de bien meilleures positions.
Loin d’être dupes, les populations, très largement au fait de ces manœuvres du pouvoir, ont quant à elles tenu à réitérer leur attachement à ABC, de même qu’à ses idéaux pour l’alternance au sommet de l’Exécutif.
Pourquoi le RPM suscite-t-il autant d’intérêt pour le Palais Rénovation ?
Depuis le coup d’État électoral de 2016, la classe politique de l’opposition s’est murée dans un silence d’observation, comme pour témoigner de sa difficulté à venir à bout du pouvoir. À l’évidence, Jean Ping a probablement tiré la même conclusion. En témoigne sa réserve sur les sujets d’importance, lesquels font l’objet de controverses dans le débat public.
De tous les acteurs politiques de l’opposition, un seul apparaît incisif, doublé d’une volonté ferme de venir à bout d’Ali Bongo Ondimba, le chef de l’État, à la présidentielle imminente.
Alexandre Barro Chambrier (ABC) s’est ainsi donné pour mission d’être entendu auprès des populations. C’est cette détermination qui insupporte au plus haut point les instances décisionnelles de l’État major de Louis, et du Bord de mer, décidés à lui “voler” ses lieutenants, comme ils l’avaient déjà fait avec Christine Mba Ndoutoume, l’actuel mairesse de Libreville, une fabrication de ABC.
En 2018, le conflit né du RHM, entre Alexandre Barro Chambrier et Michel Menga M’essone, lequel avait également été happé par le gouvernement Issoze Ngondet, témoignait de cette volonté de dynamiter les efforts de l’actuel leader du RPM.
Ainsi, scénario insolite, lors des élections législatives, de nombreuses candidatures de Barro Chambrier se voyaient frappées d’invalidité, par le fait de l’œuvre de Michel Menga M’essone.
Dans le 4e arrondissement de Libreville, Emmanuel Issoze Ngondet, décidé à couper l’herbe sous les pieds d’ABC, s’adressait à la communauté Kota en ces termes: “Il faut tout faire pour barrer la route à Barro Chambrier, pour qu’il ne se trace pas une trajectoire pour 2023”.
Un message qui avait le mérite d’être limpide. Dans le landernau politique gabonais, Alexandre Barro Chambrier est craint.
Pour la présidentielle de 2023, il reste sans conteste, le challenger qui pourrait compliquer l’équation de tout, et probablement emmener le parti au pouvoir à revisiter sa copie.
Pour l’heure, rien ne semble avoir atrophié l’énergie, et donc l’engagement du “patriote” Barro Chambrier. À moins de 2 ans du scrutin majeur, il s’est donné pour objectif de rencontrer toutes les populations, y compris celles de l’hinterland, avec ce leitmotiv décisif de présenter la réalité du Gabon…telle qu’elle est.