Par Agnès Limori
Ils sont à bout de souffle. Déjà, les agents de la Société Gabonaise des Transports (SOGATRA) n’en peuvent plus de vivre la misère, au mépris de leur hiérarchie. Comble de tout, cinq d’entre eux ont été « enlevés » par des individus, qui se sont fait passer pour des agents du B2.
Vendredi dernier, alors qu’ils se trouvaient sur le site de la SOGATRA, cinq leaders syndicaux affiliés à Dynamique Unitaire (DU) ont été « enlevés », c’est le terme qui sied, par des inconnus en civile, après qu’ils se soient fait passer pour des agents de la Direction générale de la Contre-ingérence militaire, couramment appelée ‘’B2’’, l’un des services de renseignements les plus pointus du Gabon.
Les cinq compatriotes sont donc : Eric Ndinga Tchibinda (SYPROTTRAT), Cyril Gaston Ndoudi Ledoum (SYNAATEC), Blandine Guenon Imama (SYNATRAT), Joël Pambou (SYNATRASO), et Saturnin Ebienga (SYNAS).
Chose étrange, lorsque le vice-président de DU en charge de l’Action revendicative et de la Négociation a consulté sur les lieux le registre des interpellations du B2, aucun nom des disparus n’y figurait.
Pour le président Jean Rémy Yama, il ne s’agit ni plus, ni moins que d’un enlèvement.
Dans cette hypothèse, qui a donc enlevé les cinq syndicalistes ? Pourquoi Laurent Skitt Okengue, le patron de la SOGATRA reste-t-il confortablement assis sur son fauteuil douillet de directeur général, sans rien faire ? Pourquoi aucun média du service public n’en parle ?
Pour rappel, la SOGATRA est une entreprise de l’Etat gabonais, en proie à de sévères difficultés de gestion. Les grèves à répétition, du fait des sempiternels arriérés impayés ont fini de tout paralyser.
Au nombre des revendications des agents grévistes, le non-paiement de 11 mois d’arriérés de prime Covid-19, la régularisation de 3 ans d’arriérés de cotisations sociales et patronales auprès de la CNSS et de la CNAMGS, et bien d’autres éléments.
Depuis la survenance de l’enlèvement des cinq syndicalistes, l’on a de cesse de s’interroger sur le sens de cette manœuvre. Laurent Skitt Okengue, dont le profil a toujours été présenté comme celui d’un agent du Renseignement, est-il derrière toute cette pagaille ? Où a-t-on conduit ces compatriotes, qui ne faisaient, dans le fond, qu’exercer leur droit syndical ?