Par Stive Roméo Makanga
Créé en septembre 2021à la faveur d’un conseil des ministres et longtemps restée une simple ossature, le haut-commissariat de la République a pris forme vendredi 4 mars 2022 courant.
Présentée lors de son érection comme une structure chargée « d’engager, dans le cadre des prérogatives reçues du président de la République, les missions de suivi, d’observation et de relais de son action politique ; d’interagir avec les institutions politiques et les acteurs de la vie publique sur la stabilité et les modalités de maintien des valeurs démocratiques », elle se présente, fondamentalement, comme une réplique de la Coordination générale des affaires présidentielles (CGAP), cette fois-ci, avec d’avantage de puissance et avec des hommes et des femmes qui ont un pédigrée politique d’envergure.
Les nominations de Michel Essongue, Jean Eyeghe Ndong, Eric Dodo Bounguendza ou Léon Nzouba en sont une preuve éloquente.
L’on comprend mieux l’éviction de Noureddin Bongo Valentin, lui dont le bagage politique et l’expérience dans la haute administration se situait au voisinage de zéro, intervenu en septembre 2021 dernier sans qu’un autre compatriote l’ait remplacé à ce poste.
A l’observation, Ali Bongo Ondimba et les siens ont décidé de passer la vitesse supérieure, l’horizon de la présidentielle de 2023 se rapprochant de plus en plus.
Dès l’annonce de sa création, le microcosme politique gabonais avait déjà exprimé tout son désaveu sur un tel projet. Le Haut-commissariat de la République apparaît comme une structure dont les compétences englobent à la fois celles du gouvernement, du premier ministre et du Parti démocratique gabonais (PDG-au pouvoir).
Quid de la vice-présidence de la République, à ce jour vacante ? Et, dans le même ordre d’idée, qu’a-t-on fait de la constitution ?
«Le président de la République est assisté d’un vice-président de la République.», c’est ce que dispose la loi fondamentale en son article 14.
En disposant aussi que «le gouvernement conduit la politique de la nation sous l’autorité du président de la République.», Ali Bongo et les siens viennent de battre en brèche ce principe qui veut que le gouvernement soit le seul responsable de la mise en œuvre des politiques publiques.
Une méprise représentative de leur ambition de conserver le pouvoir, même si en foulant aux pieds tous les principes juridico-institutionnels.
Ces contorsions, loin de grandir la République, la tire plutôt et davantage vers le bas.