Par Stive Roméo Makanga
Nonobstant toutes les preuves de son conseil aux fins d’obtenir sa liberté provisoire, Pierre Alain Mounguengui (PAM) a été, à la stupeur générale, définitivement placé sous mandat de dépôt jeudi 5 mai courant à la prison centrale de Libreville.
Une décision qui intervient après que Franck Nguema, le ministre des Sports, ait répondu dans un courrier officiel à la Confédération africaine de football (CAF), laquelle requerrait au ministre des Sports de prouver que la détention de PAM n’était pas le fait d’un acharnement consécutif à sa réélection à la tête de la FEGAFOOT.
Un fait que le membre du gouvernement a peiné à argumenter dans sa missive à l’instance faîtière du football africain:”M Mounguengui qui bénéficie de la présomption d’innocence, fait l’objet d’une procédure judiciaire au motif qu’il aurait gardé le silence face aux abus sexuels, qu’auraient vécus pendant des années des centaines de footballeurs mineurs de la part de leurs encadreurs”, a-t-il écrit.
Un argumentaire qui a dû provoquer une profonde hilarité des dirigeants sportifs africains, ainsi qu’il est désormais le cas au sein de l’opinion.
C’est bien le deuxième mensonge que le ministre des Sports aura bavé à faire passer. L’on se souvient déjà de celui servi aux panthères, l’équipe nationale, alors que se jouait la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au Cameroun. “Vos primes ont été volées par un inconnu”, avait alors déclaré Franck Nguema aux footballeurs, noirs de colère.
C’est encore le cas pour PAM. Le membre du gouvernement a curieusement oublié que la pédophilie dans le monde du football gabonais est évoquée depuis plus de 30 ans aujourd’hui. Ce depuis avant l’arrivée de l’actuel président de la FEGAFOOT.
Franck Nguema a aussi oublié qu’en 2018, peu après les révélations de pédophilie dans le football gabonais par Shiva Star Nzigou, ancien international gabonais, PAM avait rendu fonctionnels des organes juridiques aux fins de lutter contre ces pratiques odieuses. Et que, de nombreux courriers avaient expressément été adressés aux plus hautes autorités aux fins d’informations, la FEGAFOOT de Pierre Alain Mounguengui ayant décidé de faire la lumière sur les pratiques ignominieuses décriées.
Comble de tout, Franck Nguema, le ministre des Sports, a aussi oublié ses propres paroles prononcées au plus fort du scandale: “De mes échanges avec le président de la Fédération Gabonaise de football, Pierre Alain Mounguengui, il ressort que le Comité exécutif de la Fegafoot a pris un certain nombre de mesures à l’encontre de M. Patrick Assoumou Eyi”, déclarait-il.
Fait curieux, à quel moment le ministre des Sports s’est-il rendu compte de la supposée “passivité” de Pierre Alain Mounguengui ? Avant qu’il ne propose ce dernier pour une nomination au poste d’IGS au ministère éponyme ou bien avant ?
Les insuffisances de la missive de Franck Nguema à la CAF apparaissent avec tellement de grossièreté qu’il est à la limite impossible de les gommer.
L’estocade du gouvernement à l’encontre de Pierre Alain Mounguengui y est formelle et l’on ne saurait pérorer à ce sujet.
La réaction de la CAF devrait être sans équivoque, elle qui, dans des situations du genre, s’est toujours refusée à jouer l’autruche.