Par Stive Roméo Makanga
Le Conseil des ministres (CM) du jeudi 1er septembre dernier a entériné la nomination d’Herman Immongault au poste de ministre délégué aux Affaires étrangères. Une promotion qui fait jaser dans le parti d’Ali Bongo Ondimba, d’autant que le frère de Régis Immongault Tantagani est inconnu des archives de l’écurie politique du président de la République. Toute chose qui exacerbe les frustrations, et à Mulundu, bien plus encore.
Les tensions se lisent désormais à fleur de peau. Depuis la nomination d’Herman Immongault, frère puîné de Régis Immongault, précédemment en poste à l’ambassade du Gabon en Turquie, les conversations ne sont pas prêtes de s’estomper dans les salons feutrés de Libreville et d’Akanda. Pour d’aucun, il n’y a pas de doutes, l’ancien ministre de l’Économie et des finances a pistonné son cadet. Mais pour quelle fin? Est-ce objectif ? Personne n’est de cet avis.
Il se susurre parmi les cadres du parti des masses, désormais observateurs impuissants des faits, que le pouvoir ne peut absolument pas être concentré entre les membres d’une seule famille. “Ils ne sont pas les meilleurs de Lastoursville”, dénoncent-ils.
D’abord, sous Omar Bongo Ondimba, l’ancien président défunt, il y a eu Étienne Guy Mouvagha Tchioba, au poste de vice-premier ministre, originaire du village Limbenga.
Puis, Paulette Missambo, ministre d’État chargée de l’Éducation nationale, originaire du village Kessipoughou.
Enfin, sous Ali Bongo Ondimba, on compte Patrice Tonda, Max Limoukou, Régis Immongault, et Brice Constant Paillat, respectivement ministre de l’habitat, ministre de la Santé, ministre de l’Économie, ministre des Transports.
Sans oublier Éric Dodo Bounguendza, l’ancien secrétaire général du PDG, récemment promu ou viré (c’est selon), et qui fait désormais partie du Haut commissariat de la République, la nouvelle garnison d’Ali Bongo Ondimba.
Tous les acteurs précités sont ressortissants du premier siège, Commune et Canton Poungui. Les autres, pourtant “fervents défenseurs de la politique du chef de l’État”, leur sempiternel mantra, n’ont que leurs yeux pour pleurer.
Pour certains hauts dignitaires du PDG, qui ne comprennent pas ces choix de cooptation, il est évident que les patronymes ont été préférés aux états de services puisqu’ils sont nombreux parmi les originaires de Mulundu, a en disposer pleinement.
FAUT-IL S’ATTENDRE À DES RÉAJUSTEMENTS?
Sans aucun doute. Ce qui s’apparente à la rumeur, se conforte de plus belle. Sur la question, certains PDGistes sont même sans équivoque, ce d’autant que le lobbying occulte de Régis Immongault Tantagani avait déjà eu raison de la tête de Jean Claude Bouyoba, originaire de Matsatsa, en poste à la représentation diplomatique du Gabon en Allemagne, au profit d’Herman Immongault, son jeune frère, promu en Turquie.
Par ces nominations, le 1er siège de Mulundu, et précisément le canton Poungui, rafle toute la mise et augmente les frustrations. “Quel intérêt d’avoir deux ressortissants du même siège dans le même gouvernement ? C’est soit on nomme l’un et on défait l’autre. Et pourquoi seulement le 1er siège, qu’en est-il des autres ?”, s’indignent certains acteurs politiques.
BRICE CONSTANT PAILLAT SUR LE DÉPART ?
C’est le vœux exprimé. Et pour certains, ce serait à juste titre si réajustement il y a. “Le parti doit en tenir compte. Deux hommes de Mulundu et du même coin au sein du même gouvernement, ce n’est pas crédible. Tout ceci sonne comme de la dictature”, estime-t-on dans les commodités d’Akanda, au moment où s’évoquent les sujets brûlants de la République, des enjeux de la présidentielle, et des grandes stratégies de pénétration en cette période pré-électorale.
Pour beaucoup d’autres, l’actuel ministre des Transports est loin d’être d’une grande utilité à Ali Bongo Ondimba pour la présidentielle de 2023. “Ni Paillat, ni Immongault ou encore les autres n’ont de maisons dans leurs villages respectifs à Lastoursville”, croient-ils savoir.
Cependant, c’est tout le contraire pour Paulette Missambo”, font-ils observer.
“Aucun d’eux ne peut tenir tête à Paulette Missambo. Ils n’ont aucune légitimité. Ça craint”, soutiennent-ils.
Une observation d’une éloquence absolue, ce d’autant que Missambo Paulette a façonné presque tout le monde. Éric Dodo Bounguendza, l’ancien SG du PDG, que l’on dit d’ailleurs l’avoir trahi, a même été son directeur de Cabinet. Il n’est absolument pas exagéré de soutenir que face à la leader de l’Union nationale (UN), sur le seul terrain politique de Lastoursville, tous tombent les armes, c’est certains.
Questionnés sur certains sujets, bien des pedegistes arguent qu’il aurait fallu bien des subterfuges pour imposer Régis Immongault, alors aux prises avec la veuve de Casimir Oyé Mba.
Mais revenons au fait. La désolation des populations de cette partie de Mulundu, c’est-à -dire le 1er siège de Mulundu, se lit comme dans un livre. Assez plausible. Et, avec la rentrée politique très prochaine de l’Union nationale, avec une certaine Paulette Missambo, qui envisage une excursion dans les tous prochains jours, quelques cadres du PDG, qui ont fait quelques projections sur le sujet, craignent déjà la débâcle.
UNE PROBABLE IMPLOSION DU PDG DE MULUNDU
En prélude au scrutin de 2023, les rangs de l’Union nationale (UN) se consolident dans le département de Mulundu. Paulette Missambo, appelée respectueusement “Madame”, par les natifs de la contrée, et qui y a d’importants investissements immobiliers, compte grossir le nombre de ses militants. Plus loin, il se dit que le revirement de plusieurs militants PDG pour l’UN est irréversible.
Le parti d’Ali Bongo Ondimba a-t-il autant manqué de discernement ? Nul doute. D’ailleurs, chez les ressortissants des autres districts, comme celui de Ndangui, où s’observe une forte communauté Kotas, et laquelle a fortement voté pour Ali Bongo Ondimba en 2016, il se dit que l’exaspération est à son comble.
Après les quiproquos nés autour de leur orpaillage, activité principale de la région, plus question de plébisciter le candidat de la majorité si un des leurs n’est pas promu.
Idem pour le 2e siège du district de Matsatsa, qui dit en avoir assez que les autres soient toujours couverts de lauriers, au détriment des leurs, et ce depuis le décès de Boundoukou Latha, ancien ministre.
Une situation problématique pour les PDGistes, qui auront bien du mal à asseoir la suprématie de leur Distingué camarade président (DCP) dans cette partie du Gabon.
Ainsi, le mot d’ordre est donc la décentralisation du pouvoir, ce d’autant que les aigreurs se confortent et que des représentations de l’opposition gagnent désormais de plus en plus Lastoursville, le chef-lieu du département.
Qui d’Herman Immongault ou de Brice Constant Paillat poursuivra l’aventure au sein du gouvernement Ossouka Raponda, par souci d’équilibre ? Peut-on s’attendre à une éviction des deux hommes au profit d’un profil différent originaire d’un district ou d’un Canton autre que celui précité ?
Nous y reviendrons, avec force et détails, dans les toutes prochaines publications.