Par Stive Roméo Makanga
Après sa bataille judiciaire qu’il a haut la main remportée contre BGFI, condamné à payer la somme de 1,499 milliard de francs à titre principal, et celle de 800 millions francs CFA à titre de dommages et intérêts, mais aussi aux dépens, jamais Alfred Bongo Ondimba n’aurait imaginé qu’un rebondissement sorti ex nihilo viendrait proroger l’intrigue d’un feuilleton désormais bien connu des populations.
Il s’agit de la saisie conservatoire de créances et des biens meubles corporels adressée au président du tribunal de Commerce, conformément à la requête de Me Gisèle Eyue Bekale, avocate au barreau du Gabon et agissant pour le compte du FGIS et de IBL. Un gel de comptes qui conforte la thèse d’un acharnement juridico-financier. Autant le dire d’entrée.
Et, pour autant qu’on veuille être plausible, précisons que le milliard et 500 millions sorti du Trésor public Gabonais pour les comptes de l’Étude Alfred Bongo Ondimba avait déjà fait l’objet de restitution. Au total et au détail, la somme de 600 millions de francs CFA émis par chèques à l’ordre de Me Gisèle Eyue Bekale, au profit de IBL.
Puis 900 millions de francs CFA émis par l’Étude Alfred Bongo Ondimba (ABO) à l’ordre du FGIS, et dont Serge Mikoto, alors patron de cette entité, en avait accusé réception, documents à l’appui. Idem pour l’ancien TPG.
De fait, sur quel fondement réel repose le gel de comptes de l’Étude ABO si la somme totale sortie du Trésor public Gabonais a été entièrement restituée ? Acharnement? Cupidité ? Chasse à l’homme ? Des questionnements qui pourraient se passer de commentaires, au regard de la tournure nouvelle des faits.
Et, dans une certaine mesure, la thèse d’une duplicité ou probable compromission de la justice pourrait aussi se tenir, si l’on considère que Me Nadège Raïssa Matsanga Mombo, à la tête du tribunal commercial, s’était préalablement prononcé en faveur du notaire. Comment expliquer qu’elle ait autorisé le gel des comptes de l’Étude ABO ?
Des interrogations qui foisonnent, et confortent l’idée de l’émergence d’un duo (Matsanga Mombo et Eyue-Bekale, ndlr) pour l’asphyxie, l’enfoncement de l’Étude Alfred Bongo Ondimba. Sinon comment l’exprimer autrement?
Dans un tel contexte, impossible de ne pas formuler des déductions du genre, lorsqu’on sait que les revirements et autres rétropédalages ont souvent eu pour source l’instrumentalisation par des puissants, d’une justice qui leur a toujours été entièrement acquise.
Si le nouveau feuilleton judiciaire a d’ores et déjà annoncé des couleurs, inutile de rappeler qu’ils sont très nombreux dans l’opinion à s’interroger et à attendre le dénouement.
Nous y reviendrons.