Par Joseph Mundruma
L’affaire Glenn Moundéndé, le preneur d’otages, mérite que l’on revienne sur ce qui apparaît désormais comme l’exécution d’un compatriote par une unité d’élite de la gendarmerie nationale.
D’abord, autant dire d’entrée que jamais de mémoire de gabonais, l’on avait ouï dire qu’un compatriote s’était servi d’une prise d’otages comme moyen de pression, et qui plus est, envers les autorités politiques et administratives demeurées totalement sourdes aux revendications de ce dernier.
Ensuite, il faut insister sur l’obligation qu’ont la gendarmerie nationale d’une part, et le gouvernement gabonais, d’autre part, d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur les circonstances du décès de Glenn Moundéndé, pris en souricière par une unité de la gendarmerie nationale alors à ses trousses.
À moins qu’au Gabon, ni le gouvernement ou les forces de sécurité et de défense n’aient d’obligation de rendre des comptes, d’expliciter au besoin, il est aujourd’hui impératif que toute l’affaire liée au preneur d’otages soit rendue parfaitement claire pour tous les gabonais.
L’on sait, à partir de sa toute dernière vidéo tournée en pleine forêt, que Glenn Moundéndé était armé d’un fusil de chasse de type calibre 12, et qu’il avait pris avec lui quatre otages sur un site pétrolier avant de s’enfoncer dans la forêt.
Dans sa vidéo amateur, le jeune compatriote, tenant à justifier devant l’opinion les raisons de son actes à la fois grave et irréfléchi, avait dénoncé l’extrême pauvreté dans sa région, ce malgré la présence de grandes entreprises pétrolières.
De façon non exhaustive, Glenn Moundéndé pointait du doigt l’absence de dispensaires, d’électricité, d’écoles, et même d’eau potable car les rivières étant gravement polluées, du fait des activités pétrolières dans la région.
Dans un discours cohérent, l’homme de 34 ans précise avoir joint le préfet, essayé de présenter le malaise social…sans succès.
Dans son argumentaire, le preneur d’otages avait affirmé, outré, toutes les compromissions érigées autour de l’activité pétrolière dans cette petite région. Il exigeait donc l’arrêt d’un contrat de prestation avec la société Guitu, prestataire de service dont le promoteur serait un homme politique de la localité investi par le Parti Démocratique Gabonais (PDG) pour les législatives prochaines, la réouverture du dispensaire d’Omengo, plus d’emplois pour les jeunes de la localité et le départ du commandant de gendarmerie en poste à Mandji.
Exécution ou tentative de capture qui a mal tourné ?
Jusqu’ici, le silence de la gendarmerie nationale, d’une part, et le gouvernement, d’autre part, n’a pas permis de comprendre le déroulé de l’assaut des forces de l’ordre lancé contre Glenn Moundéndé.
L’on sait juste qu’après plusieurs heures de cavale en pleine forêt, le fuyard a finalement été abattu, dans des circonstances totalement troubles.
Pour l’association S.O.S prisonniers, de nombreuses interrogations demeurent.
L’unité d’élite de la gendarmerie nationale avait-elle entamé des négociations préalables avec le preneur d’otages ? Quelle était la situation des otages retenus par Glenn Moundéndé ? Ont-ils subi des sévices de la part de leur ravisseur? Pourquoi l’intervention d’une unité d’élite de la gendarmerie sur un civil, armé uniquement d’un fusil de chasse, n’a pas pu permettre sa capture ?
Et, selon une source familiale consultée par nos confrères de Gabonreview, les autorités ont refusé de fournir des informations claires, le préfet de la localité étant lui aussi absent tout le week-end.
Une communication du gouvernement, aux premières heures de cette histoire inédite, aurait pu permettre de faire la lumière sur ce drame, qui suscite à ce jour une profonde consternation chez les populations, lesquelles continuent toujours de s’interroger sur les circonstances exactes du décès de Glenn Moundéndé. Quand décidera-on finalement de parler?