Par Stive Roméo Makanga
Le procès SOGARA convainc définitivement les populations de ce que sous l’ancien régime d’Ali Bongo Ondimba, la justice a été honteusement manipulée, aplatie à la volonté du dictateur déchu et de la Young Team, une association de compatriotes malfaisants. Noël Mboumba ayant avoué avoir dit des mensonges sous instrumentation d’une juge, il est évident que la justice acquitte Brice Lacruche Alihanga, cité dans cette affaire.
Interrogé à la barre, Noël Mboumba a été formel: ses déclarations, consignées sous procès verbaux, lui avaient été dictées par une juge d’instruction afin de protéger Ali Bongo Ondimba et Noureddin Bongo Valentin, son délinquant de fils. L’on a vite compris les raisons de la libération prématurée de Noël Mboumba. Pour services rendus, il était donc évident que les bourreaux de Brice Lacruche Alihanga le laissent recouvrer la liberté.
Au regard de ce qui précède, il est évident que les accusations de Noël Mboumba contre Brice Lacruche Alihanga tombent à l’eau. La justice gabonaise, bien éclaboussée dans cette affaire, est donc contrainte de le reconnaître en acquittant purement et simplement l’ancien directeur de Cabinet d’Ali Bongo Ondimba.
Pour précision, interrogé à la barre, Noël Mboumba n’a guère été en mesure de fournir la plus petite preuve, fut-elle infinitésimale, sur la perception indue de fonds par Brice Lacruche Alihanga, soi-disant 4 milliards de francs CFA. Sur quoi la justice s’est-elle donc prononcée ? Comment comprendre qu’une juge soit capable de produire de faux procès verbaux aux fins de condamner un autre compatriote? L’évocation de ces seules questions soulève une autre problématique : Et si toute la justice était elle-même poursuivie pour collusion avec le pouvoir et trahison des valeurs de la République ?
Le peuple gabonais a eu à faire à une justice profondément corrompue et instrumentalisée jusqu’à la moelle.
UNE JUSTICE VIDÉE DE SA SUBSTANCE
En réalité, le procès de Brice Laccruche Alihanga (BLA) dans l’affaire SOGARA constitue un parfait exemple de la façon dont les anciens dirigeants du pays ont manipulé le système judiciaire gabonais. Sans preuve solide et fondée sur les déclarations d’un individu, la justice s’obstine à poursuivre un homme qui a déjà subi des souffrances physiques et qui éprouve des difficultés à se déplacer. Il est évident que ces allers-retours au tribunal l’épuisent considérablement. Si, par malheur, il lui arrivait quelque chose, les juges devraient porter cette responsabilité sur leurs consciences.
Les révélations de Noël Mboumba au tribunal ce jeudi nous dévoilent l’étendue de la corruption qui gangrène le système judiciaire gabonais. Il est inacceptable que cela continue ainsi. Outre Noël Mboumba, la magistrate qui lui dictait les déclarations consignées sous procès-verbaux doit être identifiée et poursuivie. Dans un pays normalement fonctionnant, cela serait la norme. C’est également cela la restauration des institutions, qui nécessite une réelle transparence et une lutte contre la corruption.