AGASA : Le SYNATA dépose un préavis de grève pour dénoncer une gestion jugée arbitraire et contraire aux textes
Par Stive Roméo Makanga
Rien ne va plus à l’Agence Gabonaise de Sécurité Alimentaire (AGASA). Ce mardi 22 juillet 2025, le Syndicat national des travailleurs de l’AGASA (SYNATA) a officiellement déposé un préavis de grève générale illimitée sur toute l’étendue du territoire national. La décision, prise à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire tenue le 16 juillet 2025, est motivée par une série de griefs portés contre la direction générale, accusée de violer de manière répétée les textes réglementaires et statutaires de l’établissement.
Dans une correspondance adressée au directeur général de l’AGASA, Dr Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, le SYNATA dénonce un management qu’il qualifie de « déconnecté des exigences normatives », pointant notamment plusieurs actes de gestion controversés. Malgré les déclarations du directeur général, qui ne cesse d’afficher une volonté de « faire respecter les procédures dans l’intérêt de l’agence et de la santé publique », les faits reprochés par le syndicat dressent un tableau bien différent.
Des décisions de gestion vivement contestées
Parmi les décisions ayant mis le feu aux poudres figure la promotion d’une secrétaire réputée proche du directeur général au poste de Chef de Bureau (CB), une nomination que le syndicat juge inopportune, dans un contexte où l’AGASA est confrontée à d’importants défis techniques et structurels. S’ajoutent à cela des affectations jugées arbitraires, opérées sans tenir compte des textes en vigueur ni des critères professionnels.
Le SYNATA exige notamment la nullité immédiate de deux décisions contestées :
– la décision n°00004/MAEDR/AGASA-DG du 14 mai 2025,
– la note n°000629/MAEDR/SG/DG-AGASA du 11 juillet 2025,
qu’il estime contraires aux statuts et aux normes internes de l’agence.
Une longue liste de revendications
Le préavis déposé s’appuie sur les articles 379, 383, 389 et 390 du Code du travail en République gabonaise, et liste un ensemble de revendications sociales et professionnelles, parmi lesquelles :
– le respect strict des textes législatifs, réglementaires et normatifs en vigueur à l’AGASA ;
– le respect de la procédure de recrutement, conformément aux dispositions statutaires ;
– le respect scrupuleux des contrats de travail et des droits acquis ;
– le paiement des cotisations CNSS et CNAMGS ;
– la signature des avenants aux contrats de travail, depuis l’entrée en vigueur des nouveaux Accords Collectifs d’Établissement ;
– le paiement de la dette sociale aux agents lésés ;
– l’arrêt des entraves à la liberté syndicale ;
– la prise de service effective d’un médecin du travail ;
la mise en œuvre d’un véritable plan de carrière pour tous les personnels, contractuels comme fonctionnaires ;
la certification des comptes financiers de l’agence par des cabinets externes indépendants.
Un appel au dialogue pour éviter l’escalade
Dans sa correspondance, le SYNATA rappelle que la loi accorde aux parties un délai de 10 jours ouvrables pour parvenir à une sortie de crise (conformément à l’article 289 alinéa 2 du Code du travail). Le syndicat se dit ouvert à un dialogue sincère, impliquant les plus hautes autorités de la République, la tutelle ministérielle, le Conseil d’administration, la direction générale et le personnel.
Il alerte également sur le non-respect du décret n°0190/PR/MAEPSA du 21 mai 2014, portant approbation des statuts de l’AGASA. Ce manquement serait, selon le SYNATA, la première faille systémique ayant conduit à une dérive continue de l’agence depuis 2019. Le syndicat regrette que l’AGASA, institution technique et scientifique par essence, soit aujourd’hui dévoyée de sa mission première.
Une grève annoncée pour le 1er août
À défaut d’un accord d’ici là, le personnel de l’AGASA entamera une grève générale dès le vendredi 1er août 2025. Un service minimum équivalent à 40 % de l’activité normale sera assuré, conformément aux dispositions en vigueur, pour garantir une continuité minimale des missions de sécurité alimentaire.
Le SYNATA, bien que déterminé, appelle à la responsabilité des dirigeants et à une prise de conscience collective pour éviter un blocage préjudiciable au fonctionnement de l’agence et à la santé publique
nationale. Le compte à rebours est lancé.
Laisser un commentaire