Par Stive Roméo Makanga
Il existe plusieures manières de salir un chef d’État. Dans le cas du Gabon, et c’est l’objet de notre indignation, Ali Bongo Ondimba, le président de la République, a été exposé à un niveau inacceptable par la Communication présidentielle, instance pourtant garant de son image. Ces bourdes devenues répétitives devraient aujourd’hui soulever une question cruciale: qui a donc le malicieux projet de rétrécir, atrophier, diminuer, et dans une large mesure humilier le chef de l’État ?
Cette problématique devrait être aujourd’hui au centre des débats. Disons les choses sans atermoiements : c’est bien la première fois dans l’histoire de notre pays que la Communication présidentielle se révèle à ce point inefficace, inconséquente, pleine de déchets.
Mais il fallait peut-être s’y attendre. Ce poste jadis réservé aux personnalités politiques à l’expérience achevées, s’est vu tour à tour ces récente années confié à de jeunes communiquants dont la compétence souvent surjouée, a laissé des tares indélébiles que l’histoire retiendra pour toujours.
Ce fut le cas d’Ike Ngouoni, dont l’expression “fatigue sévère”, usitée pour tenter coûte que coûte de masquer l’accident vasculaire cérébral (AVC) du chef de l’État, a valu au président gabonais tous les qualificatifs les plus désobligeants, de même que la regrettable sape médiatique dont il a été l’objet.
Avec Jessye Ella Ekogha, le ridicule s’est accru, les populations ont droit à un festival de calembours, souvent vaseux, du reste représentatifs du personnage, dont les choix de communication n’ont de cesse d’étonner.
“Ali Bongo Ondimba est bien arrivé à Glasgow”, “Ali Bongo Ondimba est bien arrivé à Ryad”, “Ali Bongo Ondimba est bien arrivé à Paris”, servi à tout va comme s’il s’agissait d’une information.
C’est dire que le “chefaillon” de la Communication présidentielle connaît d’importants bugs, des pannes d’inspiration, en plus des looping locutoires gracieusement servis lors de ses éphémères conférences de presse au Palais Rénovation.
Autre bévue et non des moindres, après la conférence internationale sur le Climat, la Communication présidentielle a laissé fuiter sur les réseaux sociaux une image insoutenable, du point de vue protocolaire. Sur cette dernière, on y voit Ali Bongo Ondimba, le chef de l’État, assit en arrière plan, comme un vulgaire homme, brisant tout ordre protocolaire, mêlé à ses collaborateurs apparaissant tous en premier plan.
Avant l’autosatisfaction qui l’a convaincu de rendre public ce cliché, Jessye Ella Ekogha aurait mieux fait d’apprendre qu’un chef (et qui plus est dans notre tradition bantou) n’apparaît jamais au fond, mais toujours en avant plan.
Présenter de cette façon le chef de l’État est une erreur énorme qui, dans un pays exigeant des codes évoqués, aurait valu au “chefaillon” de la Communication présidentielle une éviction méritée.
Mais cette possibilité est d’avance exclue puisque Jessye Ella Ekogha est (pour l’instant) très proche de Noureddin Bongo Valentin, et qu’il envisage sous peu, de poser ses valises au ministère de la Communication et de l’Économie numérique.
C’est dire si le ridicule ne tue pas.