Par Stive Roméo Makanga
Le feuilleton de Christian Patrichi Tanasa Mbadinga, l’ex ADG de la Gabon Oil Company (GOC) vient de connaître son épilogue. Bien que ses conseils aient le projet de faire appel de la décision après la délibération des juges mercredi 20 juillet courant, il reste que l’ancien “BLA boy” a écopé de 12 ans de prison assorti d’une amende de 76 millions de francs de 20 milliards de dommages et intérêts.
Christian Patrichi Tanasa a été condamné devant la Cour criminelle spécialisée pour détournement, complicité de détournement de fonds publics et blanchiment des capitaux.
Devant le juge d’instruction, Me Anges Kevin Nzigou a été incisif. En 2018, alors qu’il accédait nouvellement à sa fonction, Christian Patrichi Tanasa aurait trouvé un déficit de 42 milliards de francs CFA, et que le juge n’a jamais daigné en savoir plus.
Arnaud Engandji n’a donc jamais été inquiété sur cette affaire, pour laquelle il n’a jamais été entendu, ce malgré les conclusions de l’audit instruit par Christian Patrichi Tanasa.
LES PREUVES DE COMPROMISSIONS
Le procès de Christian Patrichi Tanasa a permis d’établir que la GOC est, en réalité, la vache à lait du pouvoir. Par cet organe transite donc une série d’opérations financières illicites, c’est désormais certain.
L’ex ADG a confié s’être conformé à un système mis en place bien avant son arrivée aux commandes et que, rien ne l’aurait permis de déroger à la coutume. “j’étais presqu’obligé de participer aux activités de madame Sylvia Bongo. C’était 150 millions à chaque octobre Rose”, s’est-il défendu.
“Pour me dire que je dois soutenir la première dame dans le cadre de ce contrat, celui passé par Arnaud Engandji Alandji ndlr, quelques temps après, c’est Ike Ngouoni qui m’a demandé de soutenir la première dame. Puis j’ai rencontré le directeur de Cabinet du président de la République, il m’a confirmé que la première dame avait besoin de cet argent. C’est ainsi que j’avais débloqué 400 millions pour elle”, a-t-il renchéri.
Devant le juge d’instruction, Me Moubembe a posé une question cruciale en lien avec le financement de la Fondation Sylvia Bongo Ondimba (FSBO): “Qu’est ce qui te serait arrivé si tu avais refusé de donner l’argent à Sylvia?”.
Et Patrichi Tanasa de répondre : “Si j’avais refusé, mon pensionnat à la prison aurait pu se faire plus tôt”.
L’on sait donc, au sortir de cette “audience du siècle”, que outre la Fondation de l’épouse d’Ali Bongo Ondimba, Arnaud Engandji Alandji aurait également soutenu, par le moyen de la GOC, le Plan Stratégique Gabon Émergent (PSGE), d’Ali Bongo Ondimba. Mais pour quel montant exactement? Motus et boule de gomme.
Mieux, “Les immeubles avaient été achetés par son prédécesseur à 9 milliards plus 3 milliards de travaux. Mais quelques temps après, la nouvelle équipe se rend compte que les immeubles commencent à se dégrader rapidement. Un expert de l’ANUTTC est donc venu faire l’expertise, qui a révélé que la vraie valeur de ces immeubles est de 3 milliards”, renseigne le rapport d’audience de S.O.S prisonniers.
Ainsi, sur les 12 milliards décaissés au total pour l’achat et les travaux des immeubles, seulement 3 auraient réellement servi, et donc 9 milliards auraient été détournés.
Si tant est que la justice est impartiale et souhaite réellement accéder à la vérité sur les détournements scandaleux orchestrés à la GOC, Arnaud Engandji Alandji devrait lui aussi être entendu devant la même Cour criminelle spéciale.
Et si cela n’avait pas lieu, il est évident que l’opération Scorpion n’aura été, jusqu’ici, qu’une action de la justice gabonaise, ou du pouvoir, devrait-on dire, pour définitivement noyer Brice Laccruche Alihanga et ses lieutenants.
Sur les notes du compte rendu d’audience de SOS PRISONNIERS