Par Stive Roméo Makanga
La société civile et la vraie opposition gabonaise font bien de s’alarmer de la dérive constatée au sommet de l’Etat, qui reflète celle d’un pays en pleine désintégration. C’est au point que la première ministre, la cheffe de l’administration gabonaise est forcée de se référer à Jessye Ella Ekogha, on aura tout vu.
La série de déconvenues qu’a enregistré le gouvernement Ossouka Raponda face au Copil citoyen, tenace et résolu, a fait la démonstration de ce que la première ministre, à son corps défendant, n’est en fin de compte que le factotum d’un occulte groupuscule qui a visiblement pris le contrôle de tout.
Nous en faisions déjà l’observation, dans une précédente analyse. Rose Christiane Ossouka Raponda est tout sauf incompétente. D’ailleurs, ses états de service cumulés au sein de la haute administration gabonaise en dit long sur le sujet. Et puis, il y a son cursus. Elle a quand même été major de sa promotion à l’Institut des études économiques et des finances (IEF). Idem pour Brice Constant Paillat, le ministre des Transports.
Dans ce seul gouvernement, il y a des profils éloquents et on pourrait en citer quelques-uns. Alain Claude Billie By Nzé, Francis Nkéa Nzigue, Denise Mekam’ne…et bien d’autres, mis littéralement K.O par suite des correspondances des membres du Copil Citoyen, qui dénoncent le caractère hors-la loi, c’est-à-dire en porte-à-faux avec les décrets présidentiels de 2020, des mesures gouvernementales appliquées voici deux ans déjà.
Mais la bérézina d’Ossouka et ses collaborateurs devant la haute magistrature, qui leur a d’ailleurs donné des injonctions, est le fait de l’entêtement des nouveaux régents du palais Rénovation.
Au plus fort de la tempête, alors que la première ministre passait pour la tête à claques, en décembre 2021 dernier, quelques jours seulement avant la célébration de la Saint-Sylvestre, Jessye Ella Ekogha, le chefaillon de la Communication présidentielle, s’est pointé au bureau de cette dernière, celui du 2 décembre.
Mandaté par ses employeurs, Jessye Ella Ekogha a présenté un projet de communication, qu’il souhaitait vaste, à une Rose Christiane Ossouka Raponda, désemparée.
Mais quoi de plus normal face au déferlement de publications en sa défaveur ? Eteindre l’incendie, voilà ce qui comptait.
La première ministre a dû ouvrir son porte-monnaie. Au jeune prétentiard, il a été demandé d’associer (toute) la presse à l’opération de « nettoyage » de la première ministre, qui ne fait, en réalité, que suivre les instructions, comme une gentille marionnette.
Jessye Ella Ekogha, haineux, a donc réuni le petit état-major de « journalistes fantômes » qu’il s’est formé depuis sa prise de fonction au palais du Bord de mer.
Malhabile comme à sa coutume, il a plu au porte-parole de la présidence de la République de faire croire à l’opinion de l’existence d’un complot contre Rose Christiane Ossouka Raponda. Le débat ethnique soulevé par cette thèse reste une bien triste fabrication.
Le jeune collaborateur d’Ali Bongo Ondimba sait-il qu’en soulevant ces débats, vieux comme le monde, il prépare ainsi le pays à l’inconnu?