Par Joseph Mundruma
Difficile de se positionner du côté du peuple souverain, lorsqu’on doit son poste à un putschiste qui souhaite coûte que coûte se maintenir au pouvoir.
À partir de ce jeudi 12 septembre 2024, le Parlement gabonais est convoqué en Congrès Constituant pour examiner et adopter le projet de la future Constitution du Gabon. Ce processus, essentiel pour l’avenir politique du pays, est marqué par des inquiétudes croissantes quant à l’impartialité des travaux parlementaires. Alors que la nation attend de ses représentants une réflexion sereine et objective sur les réformes proposées, des voix s’élèvent déjà pour dénoncer une démarche entachée de partialité.
Déjà, il faut dire que la révision constitutionnelle en cours est dirigée par Paulette Missambo, présidente du Sénat, et Jean François Ndongou, président de l’Assemblée nationale. Ces figures politiques de premier plan sont appelées à jouer un rôle central dans l’organisation et la conduite des débats qui doivent s’étendre sur dix jours. Néanmoins, leur capacité à maintenir une posture impartiale est mise à l’épreuve par des pratiques antérieures de soutien manifeste à une cause qu’ils sont censés examiner avec neutralité.
En effet, bien avant de recevoir la mouture du projet constitutionnel, plusieurs parlementaires, aujourd’hui membres du Congrès Constituant, se sont activement engagés dans des campagnes de terrain, appelant leurs concitoyens à voter pour le « OUI » lors du futur référendum constitutionnel. Une campagne prématurée qui s’est déroulée dans les villages, cantons et districts, et qui jette le doute sur l’objectivité des travaux en cours. Comment ces élus peuvent-ils examiner un texte avec la rigueur et l’impartialité requises, alors même qu’ils ont déjà pris parti ?
Cette situation pose un problème de crédibilité et suscite de nombreuses réserves au sein de l’opinion publique. Les gabonais s’interrogent sur la capacité des parlementaires à dépasser les clivages partisans et à évaluer le projet constitutionnel sans préjugés. L’intégrité, la probité et l’impartialité des membres de cette assemblée constituante sont ainsi remises en question. L’image d’un Parlement déjà acquis à une position avant même le début des délibérations pourrait compromettre la perception de la légitimité de ce processus constitutionnel.
Le rôle de Paulette Missambo et de Jean François Ndongou dans ce contexte est particulièrement scruté. Leur position à la tête des deux chambres les place au centre des débats, mais aussi des critiques. Leur mission est de garantir que les discussions se déroulent dans un cadre respectueux des principes démocratiques, sans céder aux pressions externes ou internes. L’avenir de la Constitution gabonaise ne doit pas être décidé par des intérêts particuliers, mais doit refléter les aspirations du peuple dans sa diversité et sa quête de progrès. C’est du moins ce que nous espérons.
Or, la convocation du Congrès Constituant intervient dans un climat de méfiance alimenté par le comportement de certains parlementaires. Des personnalités qui, il y a quelques jours encore, n’avaient même pas connaissance du contenu précis du projet de révision constitutionnelle, mais qui appelaient déjà à soutenir le texte. Une attitude qui contraste avec l’exigence de neutralité attendue d’eux et qui pourrait avoir des répercussions sur la qualité des débats.
Dans ce contexte, il est crucial que les parlementaires adoptent une approche responsable, éloignée des passions et des positions rigides. Le Gabon est à un tournant de son histoire politique, et le processus de révision constitutionnelle doit être conduit avec la plus grande transparence et équité. Seuls des débats impartiaux, respectueux de la diversité des opinions, permettront de doter le pays d’une Constitution véritablement représentative des aspirations démocratiques de son peuple.
Alors que les travaux du Congrès Constituant s’ouvrent, l’intégrité des parlementaires est en jeu. Les décisions qui seront prises au cours des dix prochains jours auront un impact durable sur la confiance des Gabonais envers leurs institutions. Pour restaurer cette confiance, les parlementaires doivent faire preuve de rigueur et d’objectivité, en plaçant l’intérêt général au-dessus des considérations politiques. Le succès de cette révision constitutionnelle dépendra aussi de leur capacité à se hisser au-dessus des logiques partisanes pour servir, avant tout, les intérêts de la nation.