Par Stive Roméo Makanga
Le samedi 5 octobre courant à 15h, une rencontre s’est tenue au sein de l’établissement de renom “Luxury”, anciennement connu sous le nom de Maisha, au quartier dit La Sablière, à Libreville. Ce rassemblement a vu la participation d’une association de personnalités influentes issues du Woleu-Ntem, une province septentrionale de notre pays. Autour de cette table, des noms bien connus du paysage politique et intellectuel gabonais tels que le Pr Daniel Ona Ondo, ancien Premier ministre (du 25 janvier 2014 au 29 septembre 2016), Emmanuel Ondo Methogo, Dr Paulin Obiang Ndong, ou encore des figures emblématiques de la société civile comme Marc Ona Essangui, le militant écologiste. Tous, sans exception, originaires des localités du Ntem, du Woleu, du Haut-Komo, du Haut-Ntem et de l’Okano.
Il s’est agi pour ces derniers de mobiliser la communauté du Woleu-Ntem afin d’organiser les actions futures en vue de promouvoir le vote en faveur du “Oui” au référendum constitutionnel prévu dans les semaines à venir. Cette initiative, bien qu’elle s’inscrive dans un processus démocratique fondamental, engendre tout de même et c’est évident, une interrogation des plus préoccupantes : depuis quand une consigne de vote, censée refléter une volonté nationale, est-elle devenue une affaire de communauté régionale ou ethnique ?
En principe, un référendum, en particulier celui qui touche à des révisions constitutionnelles, devrait transcender les clivages géographiques, ethniques et sociaux pour incarner une décision collective, celle de la nation. Toutefois, la démarche observée lors de cette rencontre semble traduire une dynamique communautariste qui pourrait compromettre la notion même de démocratie participative. En effet, alors que l’enjeu du référendum dépasse les seuls intérêts locaux ou régionaux, ces personnalités du Woleu-Ntem se sont manifestement accordées pour orienter leurs concitoyens vers un vote uniforme.
Une telle initiative invite à une réflexion plus large sur les risques de dérives ethniques dans le processus politique gabonais mené par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). Si cette réunion ne se présente pas explicitement comme un acte de discrimination, elle jette néanmoins une ombre sur l’unité nationale en façonnant l’idée que les choix politiques pourraient être dictés par l’appartenance communautaire plutôt que par une analyse approfondie des enjeux. Ce constat est d’autant plus préoccupant que le Gabon, pays multiculturel, s’est toujours targué d’une cohésion sociale relative, malgré les disparités régionales.
Disons-le sans atermoiements, la convocation de telles réunions communautaires autour d’une question aussi fondamentale qu’un référendum constitutionnel fait naître de facto des interrogations légitimes sur la nature même du processus démocratique au Gabon. Si le référendum est, par essence, un exercice de souveraineté populaire où chaque citoyen est appelé à s’exprimer librement et en conscience, cette instrumentalisation de la communauté du Woleu-Ntem met en avant un autre visage de la politique : celui d’une mobilisation identitaire plutôt que d’une adhésion rationnelle aux propositions de réformes.
Il est également intéressant de noter que les personnalités réunies à cette occasion sont, pour la plupart, des figures respectées et influentes de la région, jouissant d’un certain prestige dans leur sphère respective. Cette convergence de leadership autour d’une consigne de vote pourrait alors peser lourd sur la décision de nombreux électeurs, surtout dans un contexte où les influences locales jouent un rôle majeur dans les choix politiques.
La question se pose : une telle démarche pourrait-elle ouvrir la voie à une fragmentation de l’électorat gabonais sur des lignes communautaires ? Si d’autres provinces ou groupes ethniques emboîtaient le pas, cela pourrait non seulement saper l’unité nationale mais aussi conduire à une polarisation politique exacerbée, où les décisions collectives seraient orientées par des intérêts régionaux et ethniques plutôt que par une réflexion nationale partagée.
Dans ce contexte, la communauté du Woleu-Ntem, en se regroupant pour promouvoir le vote du “Oui”, semble se positionner comme un acteur influent dans le débat national. Toutefois, l’impact d’une telle initiative sur la perception du processus démocratique au Gabon ne saurait être sous-estimé. Il est donc essentiel de rappeler que le référendum, loin d’être une affaire de communauté, est une décision collective, qui engage l’ensemble de la nation, sans distinction d’origine ou de région.
Il est une chose longtemps refusée ou boudée par les populations et ce, depuis Omar Bongo Ondimba : l’implication croissante des groupes communautaires dans les affaires politiques nationales. Alors que la date du référendum approche, il devient impératif de réaffirmer la nécessité d’un vote éclairé et libre, où chaque citoyen, quel que soit son arrière-plan régional, pourra exprimer sa volonté sans être influencé par des intérêts identitaires.
1 Commentaire
Bel article. Des visages connues oui. Dont certains auraient mieux fait de se cacher au vu des casseroles qu’ils traînent. Comme quoi, la politique la , c’est vraiment de la sorcellerie. La recherche de la virginité, à ce prix il faut le faire🙈🙈🙈🙈