Par Stive Roméo Makanga
Brice Laccruche Alihanga, l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo a comparu ce matin, vendredi 24 mai, au tribunal de première instance de Libreville, dans un état de santé préoccupant. Affaibli par un cancer et un traitement médical difficile, il a tenu à venir témoigner malgré tout, déterminé à révéler les dessous du règne des Bongo.
Libéré en octobre 2023 après quatre années de détention dans des conditions inhumaines, Brice Laccruche Alihanga a profondément changé. Amaigri, il souffre encore des séquelles physiques et psychologiques de cette incarcération. Selon ses proches, “son état de santé est extrêmement fragile et nécessite du repos”. Un fait corroboré par tous puisqu’à la barre, l’ancien directeur de Cabinet d’Ali Bongo Ondimba a dû soulager sa peine en s’asseyant sur une chaise. Un fait qui n’a pas manqué de toucher l’assistance.
Si Ali Bongo Ondimba et Yann Koubdjé, appelés également à se présenter, ont brillé par leurs absences, l’ancien directeur du Cabinet présidentiel a quant à lui fait le déplacement pour dire sa vérité sur les magouilles du clan Bongo, qu’il accuse de l’avoir “envoyé en enfer”.
“C’est presqu’inhumain de convoquer un homme dans un tel état à la barre. A-t-on pensé aux conséquences des comparutions à venir sur sa santé déjà très fragile ?”, s’est interrogé un usager, dans la salle d’audience.
Déterminé, Brice Lacruche Alihanga espère que sa déposition permettra de faire la lumière sur les accusations de détournement de fonds publics, complicité, concussion et blanchiment qui pèsent contre lui.
Interpellé en 2019 après s’être opposé à la “gabegie” de l’ancienne Première dame et de son fils, Brice Lacruche Alihanga a subi la cruauté d’un système démoniaque, qui n’a pas été sans conséquences sur sa chaire.
Malgré son état de santé extrêmement délicat, l’ancien directeur de Cabinet d’Ali Bongo Ondimba a fait des efforts et ses avocats espèrent que le témoignage de l’ex-président, formellement invité à comparaître, permettra de disculper leur client.
“Rien ne l’obligeait à demeurer au Gabon. Il aurait pu aller suivre des soins médicaux à l’étranger . Mais Brice aime son pays. C’est ici qu’il veut être et il sait que l’heure est venue pour présenter à la justice gabonaise toute la vérité sur la cruauté du régime déchu”, confie un proche.
Tout de même, pour beaucoup, convoquer un homme dans un tel état de santé est presque inhumain. “Cet homme a besoin de repos, pas de subir de nouvelles épreuves judiciaires”, estime un juriste.
Reste à espérer que justice sera rendue, pour lui comme pour les Gabonais victimes des dérives du pouvoir déchu, jadis tenu d’une main de fer par Sylvia Bongo Ondimba et Noureddine Bongo Valentin, qui étaient parvenus à former un impitoyable gang de faussaires et de criminels financiers au Palais Rénovation.