Par Joseph Mundruma
Si ceci n’est pas du cynisme, ou quelque chose qui s’y apparente, alors on prendra grand soin d’expliquer à la communauté nationale et internationale à quoi tout ceci se résume.
D’abord, qu’il nous plaise de rappeler à l’opinion que le procès de Brice Laccruche Alihanga, ancien Directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba, a été suspendu après une rechute de son cancer, qui l’a conduit à l’internement au Centre Hospitalier Universitaire d’Angondjé (CHUA). Nonobstant son état fébrile à la barre, les magistrats semblent remettre en cause le diagnostic médical de l’ancien collaborateur du despote déchu. D’ailleurs, les juges ont demandé à rencontrer l’ancien Directeur de cabinet sur son lit d’hôpital pour constater par eux-mêmes la dégradation de son état de santé.
Cynisme, acharnement ou déshumanisation de la justice gabonaise ?
Ces questions, en plus de susciter un vif intérêt dans le débat public, remettent en cause toute la crédibilité et l’impartialité de notre appareil judiciaire. Lorsqu’il s’est agi de faire convoquer à la barre Ali Bongo Ondimba ou Yann Koubdjé, on n’a pas vu autant d’entrain chez les magistrats. Cependant, l’ancien directeur de Cabinet est poursuivi jusque sur son lit d’hôpital, trimballé d’audience en audience par les mêmes magistrats devenus étrangement féroces.
Ces événements illustrent et renforcent à la fois les accusations de manque d’impartialité portées par les avocats de Brice Laccruche Alihanga contre les juges. De même, cette étrange posture des magistrats conforte de facto la défense des conseils de l’ancien “messager intime” d’Ali Bongo Ondimba, qui ont déjà exprimé leurs inquiétudes concernant la justice gabonaise. Ce qui n’est pas une vue de l’esprit.
Les magistrats ont-ils été commis à la résidence d’Ali Bongo Ondimba dans la perspective de faire le constat des raisons qui l’empêchaient de se présenter à la barre pour une confrontation avec son ancien collaborateur ? Absolument pas.
Ont-ils pesé de leur poids pour attraire Yann Koubdjé au tribunal ? Rien du tout.
La suspension du procès de Brice Laccruche Alihanga aura eu pour effet de montrer que la situation est particulièrement critique pour l’ancien Directeur de cabinet, qui est actuellement interné à l’hôpital suite à une rechute de son cancer.