Bienque des données précises soient inexistantes, il n’en demeure pas moins que le phénomène est insidieusement ancré dans tout le pays.
Au Gabon, les cas d’agression sexuelles sur mineurs par des parents très proches croît exponentiellement.
Sans moyens de répression véritable, les auteurs satisfont leur sale besogne en toute impunité.
Le cas de Marie-Madeleine.
À 13 ans, Marie-Madeleine est une enfant pleine de vie. Ayant grandi avec sa mère uniquement, elle fait finalement la rencontre de son père, à la faveur d’une assise convoquée chez sa grand-mère.
Selon toute explication, le monsieur, fonctionnaire avec de bons acquis sociaux, après réflexion, consentait enfin à prendre ses responsabilités, après 13 ans d’absence et de déni.
Joyeuses, la jeune enfant découvre enfin son papa. Heureuse, la maman de Marie-Madeleine y voit le moyen de sortir enfin de la précarité.
“J’étais heureuse d’avoir enfin fait la connaissance de mon père. J’avais toujours habité avec ma mère et nos conditions de vie n’étaient pas très bonnes” témoigne-t-elle aujourd’hui.
Mais après quelques mois, la jeune Marie-Madeleine va déchanter : “Une nuit, mon père est entré dans ma chambre. Maman était allée à un décès d’un de ses oncles. À son insu, mon père est venu, a commencé à me regarder de façon très étrange. Il m’a rejoint sur le lit, à commencé à me caresser et m’a violée. Je vous passe les détails”.
C’était le premier acte sexuel de Marie-Madeleine. Très brusquement, elle venait d’être sortie de son enfance, avec une brutalité inouïe.
“J’étais très malheureuse. Face aux menaces de mon père, je ne pouvais rien dire à ma mère” témoigne-t-elle, le cœur encore meurtri.
“Je pleurais tout le temps. Un jour, ma mère m’a surprise en larmes. C’est ainsi qu’elle me posa des questions. Acculée, j’étais obligée de tout lui raconter.”
Face au récit de Marie-Madeleine, Véronique (c’est le nom de la maman) prit la jeune enfant dans ses bras. Pleurant toutes les deux, enlacées l’une dans l’autre, elles se partagèrent la douleur, convaincues que la vie était bien cruelle.
“Le soir, lorsque mon père rentra de son travail, ma mère se rua sur lui. Une vive dispute éclata. Il l’a terminèrent dans la chambre, à deux. Je ne sais pas trop ce qu’ils se disaient mais maman pleurait beaucoup.” Raconte-t-elle.
“Le lendemain, très tôt, maman me rejoignit dans la chambre. Elle me demanda de ne jamais révéler cette histoire à personne. Que ce soit à mes camarades ou même à ma grand-mère, de qui j’étais très attachée. J’ai gardé le silence, jusqu’à ce jour” confie-t-elle.
“C’est ainsi que mon père est devenu mon premier mari. Avec la complicité de maman, il poursuivit ses visites nocturnes dans ma chambre. Plus tard, lorsque j’avais 18 ans, nous avons fait ça à trois. Ma mère, mon père et moi.”
Mais cette vie finit par dégoûter la jeune fille. Lorsqu’elle rencontra un groupe de chrétiens, qui lui prêcha le message du Christ.
Elle se convertit et devint une chrétienne pratiquante dans une église de réveil.
“Enfant, je n’avais pas compris l’attitude de ma mère. Mais c’est plus tard que je l’ai comprise. Lorsque nous habitions chez ma grand-mère, nous passions des moments très difficiles. Mon père avait des moyens. Une voiture, une maison spacieuse et nous ne mourrions pas de faim. Difficile de se rebeller dans ces conditions. Mon père la tenait.” Déduit-elle.
Aujourd’hui encore, le souvenir de ces moments est bien présent, malgré les deux décennies qui sont passées.
“Je trouve que nos autorités ne se rendent pas compte de ce que certaines familles vivent. On banalise tout, on ne parle que de politique etc. Si j’avais été faible d’esprit, je me serais suicidée. Mais gloire à Dieu, il m’a épargnée de toute tentative du genre” observe la maman de 3 merveilleux enfants aujourd’hui.
Marie-Madeleine n’a jamais pardonné à son père. Cette difficile expérience de son enfance, elle la traîne toujours en elle.
Conformément à la loi organique numéro 003/2 018 du 8 février 2019, portant code de l’enfant en République gabonaise, les plus hautes autorités devraient mettre à disposition des moyens qui permettraient aux victimes de dénoncer leurs agresseurs et d’être aussitôt mises sous protection.
Pourquoi pas un numéro vert disponible 24h/24?
Des dispositions qui devraient aider à repousser cette pratique devenue très courante.
Agnès Limori