Par Stive Roméo Makanga
Désigné par les siens comme la cheville ouvrière du Palais Rénovation, Noureddin Bongo Valentin passe la vitesse supérieure en se lançant désormais comme le directeur de campagne de son candidat de père. C’est en tout cas l’alerte déjà donnée par Africa Intelligence.
Bourde de plus ou décision opportune ? Au sein du Parti démocratique gabonais (PDG), les visages blêmissent à l’évocation de ce sujet, très vite devenu tabou. “C’est le Gabon, que voulez-vous ?” Répondent certains, s’efforçant de garder un sourire poli.
Pour d’autres, le chef de l’État “croule depuis un moment dans l’irrationnel”.
De fait, cette possibilité, celle de confier à Noureddin Bongo Valentin (NBV) la direction de la campagne de 2023 bien sûr, est loin d’étonner.
Elle était d’ailleurs presque prévisible.
NBV comme directeur de campagne d’Ali Bongo Ondimba pour la présidentielle, lui qui n’a absolument aucun background politique, lui qui n’est même pas habile de la langue, lui qui se passionne tant et si bien pour les jeux vidéos ?
“On aura tout vu”, se résignent à dire de nombreux cadres du PDG… déçus et reclus à jouer les seconds rôles.
Diamétralement opposée à la réalité virtuelle (RV) pour laquelle il (NBV) affiche clairement son intérêt, la politique est une question de maîtrise acquise par une très longue pratique du terrain et où la probabilité réservée à l’improvisation tend vers zéro.
Pourtant, Ali Bongo Ondimba, qualifié (à raison) par son clan comme une “bête politique”, en raison de sa forte maîtrise du domaine, le sait fort bien.
Toute la question est donc de savoir les motivations profondes de ce choix, même si encore non officiel.
Au sein de la majorité, il y a déjà quelques éléments de réponse.
À priori, il y a longtemps que le Distingué camarade Président (DCP) a été accessible.
Pour s’en approcher, des confidences assurent qu’il faut avoir un argument de poids et, même dans ce contexte, sa “garde rapprochée”, qui apprécie en amont la sollicitation, prend part à l’échange, de bout en bout et y met un terme lorsque souhaité.
Dans un tel enfermement, quasi inédit, impossible de manoeuvrer sans se faire remonter les bretelles.
Les bons vieux soldats du DCP doivent se contenter des instructions émanant des nouveaux régents du palais, par crainte d’être brutalement mis sur la touche.
Une situation complexe, que doivent supporter les hauts dignitaires et autres stratèges du PDG, depuis peu au bord de l’agacement.
Il faut avouer que depuis la nomination de Noureddin Bongo Valentin au poste de Coordinateur général des affaires présidentielles (CGAP), taillé sur mesure pour ce “prince” démesurément ambitieux, les membres du gouvernement ont accusé, sans rechigner.
Il leur a tous volé la vedette, s’illustrant dans tout et partout à la fois, sans en saisir des fois la teneur.
Mais parmi les “béni oui oui”, les bons valets de service, le professeur Marc Louis Ropivia, l’ancien recteur de l’Université Omar Bongo (UOB) est le seul à avoir tenu tête aux frasques du “prince”.
Au PDG, les plus brillants rouspètent déjà, même si entre les dents.
Au sein du gouvernement, l’atmosphère est la même, à l’identique.
Le fils d’Ali Bongo Ondimba “en fait trop” et s’autocongratule dans les médias, alors que tout le boulot est fait par d’autres.
Peut-être bientôt, après le scrutin, se vantera-t-il d’être meilleur que son père…qui sait.