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Douanes d’Owendo : tensions internes sur fond d’accusations non vérifiées et d’affectations controversées

Le climat est particulièrement délétère entre Hugues Modeste Odjangou, Directeur général des Douanes et Droits Indirects, et les agents du Bureau central des Douanes d’Owendo. En cause, une série d’affectations jugées arbitraires visant plusieurs inspecteurs, à la suite de la diffusion de tracts sur les réseaux sociaux par un activiste notoirement connu pour ses pratiques de chantage et de délation.

 

Ces inspecteurs sont accusés, à tort, d’avoir détourné plus de 400 milliards de francs CFA et d’avoir laissé transiter des conteneurs d’armes et de munitions destinés, selon les insinuations, à rétablir leurs anciens bienfaiteurs – comprenez les responsables du régime déchu. De fait, plusieurs agents – inspecteurs des douanes – font l’objet d’affectations jugées disciplinaires.

 

Face à ces décisions, l’indignation est palpable chez de nombreux agents douaniers, qui s’interrogent sur la légèreté avec laquelle le Directeur général semble avoir agi. Ils déplorent notamment l’absence d’enquête sérieuse en amont. En effet, réagit un inspecteur des douanes : « Nous ne comprenons pas l’empressement avec lequel le DG a procédé à l’affectation des agents cités dans les tracts des activistes », regrette-t-il, avant de soulever la gravité des accusations relayées : « Il faudrait quand même un peu de bon sens dans l’analyse que nous faisons des faits dénoncés par les propagateurs des fausses nouvelles. Si les profanes du domaine peuvent croire facilement à certaines énormités qui relèvent tout simplement de l’imaginaire, cela ne devrait pas être le cas de nous, professionnels qui maîtrisons les rouages et les arcanes de la douane. Et c’est là où la décision précipitée du DG pose problème, puisqu’elle tend à crédibiliser les informations incongrues balancées contre certains de nos collègues par des activistes aux agendas bien connus. »

 

Par ailleurs, selon une source proche de l’Inspection générale des Douanes, dès la publication de ces accusations sensibles sur les réseaux sociaux, le Directeur général aurait effectué une descente au Port d’Owendo. Il y aurait organisé une réunion avec la brigade douanière, sans toutefois y associer le Chef de bureau, pourtant premier responsable du site. La même source affirme que le DG aurait déclaré, de manière ambiguë : « Tout n’est pas faux dans ce qui est dénoncé », sans pour autant fournir davantage d’explications. Une déclaration qui n’a fait qu’exacerber le climat de suspicion.

 

Notre interlocuteur s’en étonne : « Dans ce que dénoncent les activistes, qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui ne l’est pas ? » Avant de poursuivre : « Sur quel élément s’est appuyé le DG pour affirmer que tout n’est pas faux dans ce que dénoncent les activistes ? Lui qui a été Chef du même bureau pendant près de quatre ans, était-il possible de détourner près de 400 milliards ? Le plus écœurant, ce sont les conteneurs d’armes et de munitions. Franchement, on se croyait dans un film. Si certains en parlent avec suffisance, c’est qu’ils savent où ces conteneurs ont été déposés, l’inspecteur qui a traité la déclaration, le pays d’origine, le moyen de transport et les destinataires. Un moment, il faut arrêter », a-t-il tempêté.

 

Et de conclure, amer : « Si les têtes de certains ne plaisent plus à la hiérarchie de la douane, quel est l’intérêt de les salir par des informations aussi grotesques qui frisent à la limite le ridicule ? Cela n’honore pas notre corps. »

 

Dans ce contexte, l’atmosphère au Bureau central des Douanes d’Owendo semble lourdement plombée. La démotivation s’installe peu à peu parmi les agents, qui dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une « ingratitude manifeste » de la part de leur hiérarchie. Il est désormais urgent que la sérénité revienne dans les rangs, pour l’équilibre de l’institution et l’efficacité du service public.

 

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