Par Stive Roméo Makanga
Une série de révélations sur la pédocriminalité ambiante dans le milieu sportif gabonais, celui du football précisément ; une convocation de Pierre Alain Mounguengui à la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI), un scrutin en préparation pour avril 2022 prochain à la Fédération gabonaise de football (FEGAFOOT) : une profusion d’éléments à caractère subversif, éloquente d’un projet bien mené pour tourner définitivement la page du natif de la Nyanga à la tête de l’un des organes les plus convoités du pays.
Les enjeux à la FEGAFOOT ne sont pas minces. Les appétits, déjà aiguisés à ce sujet, augurent de l’affrontement farouche qui se dessine dans un horizon plutôt proche.
Pierre Alain Mounguengui, arbitre international avec un pedigree long comme le bras, au pinacle de l’instance sportive la plus représentative du pays depuis huit années consécutives, pourrait ne pas survivre à l’assaut que lui préparent ses contempteurs.
Premier soubresaut, le scandale inhérent à la pédocriminalité dans le microcosme sportif gabonais, lequel a, sous amplification des médias internationaux tels France24 et The guardian, les tops modèles du monde de la Communication, a provoqué la consternation générale.
Deuxième soubresaut, l’absence d’un championnat nationale depuis deux longues et pénibles années.
Troisième soubresaut, le refus de paiement des primes des Panthères, intervenu alors que se jouait la Coupe d’Afrique des nations (CAN), la plus prestigieuse des compétitions africaine.
Quatrième et dernier soubresaut, la convocation de la CNLCEI, assortie de la mention «Votre présence est obligatoire» pour le 7 février prochain, adressée au président de la FEGAFOOT, a fini d’enfoncer le clou.
« Quand on veut noyer son chien on l’accuse de la rage ». Cette expression française d’origine proverbiale nous en dit long sur les faits politiques ou sociétaux, qui ont très souvent cours dans ces microcosmes. Comme par exemple que lorsqu’on a pour projet d’éliminer ou de sanctionner quelqu’un, on pourrait même inventer des torts, lui trouver des poux sur la tête. Fort heureusement pour Pierre Alain Mounguengui, qui n’est même pas capable d’utiliser des produits de soins capillaires (rires).
Plus sérieusement, la concomitance de ces éléments (ceux cités en sus) a donc son explication logique. La tête de Pierre Alain Mounguengui ne passe pas, sa démolition est une décision actée.
Pourtant sur chaque récrimination faite au président de la FEGAFOOT, des réponses précises pour lever toute équivoque peuvent être apportées.
D’abord, sur la question de la pédocriminalité, disons les choses sans atermoiements : le fait n’est pas nouveau.
Si tant est qu’il y a eu révélation, on ne peut pas dire que les gabonais aient été surpris, le fait étant depuis toujours considéré comme cet arbre qui cache la forêt.
Réagissant à la publication de Romain Molina, le journaliste d’investigation français, un ancien international gabonais pouvait apporter d’autres précisions, plus intéressantes encore.
Comme par exemple que Jean Boniface Assélé, ancien ministre des Sports, en avait été de son temps saisi. Mais quelle suite le membre du gouvernement, lui-même propriétaire d’un club évoluant en première division avait-il donné à cette affaire sordide ? Aucune.
C’est donc une affaire qui date, et qui, par la force du temps et ramifications politiques que l’on sait tous, a prospéré sans que même la présidence de la République n’ait daigné réagi.
Et il y a aussi cette action de Pierre Alain Mounguengui qui, lors de son premier mandat, introduisit une requête auprès de l’institution compétente, pour que s’ouvre une enquête. Une démarche qui n’a elle aussi jamais prospéré.
Ensuite, il y a l’absence du championnat, depuis deux années consécutives. Là encore, il faut être formel. Imputer cette paralysie à Pierre Alain Mounguengui frôle la vésanie.
Si l’on souhaite être conséquent, il faut de facto préciser que l’organisation d’un tel tournoi échoit à la LINAF et non à la FEGAFOOT.
De plus, il y a aussi la crise pandémique, autre facteur explicatif de cette atonie. Dans le milieu sportif, sitôt que le Gabon constatait le premier cas d’un patient malade du coronavirus, que le gouvernement décidait d’une série de mesures dites covid, allant jusqu’à faire cesser toute organisation sportive, y compris les activités diplomatiques, elles aussi mises en bernes.
Comment donc Pierre Alain Mounguengui, tout en considérant que le rôle lui incombait, aurait pu organiser un quelconque championnat ?
Enfin, il y a le refus de payer les primes des « Panthères », à l’occasion de leur participation à la CAN.
Disons les choses sans langues de bois. Ce refus est imputable à nos collégiens sans tenues règlementaires. Connus pour leur arrogance et leur condescendance, trait de caractère dont ils ne se cachent plus, ces derniers, tout en engageant un bras de fer avec Pierre Emerick Aubameyang et Mario Lemina, ont opposé une fin de non-recevoir à notre sélection nationale, allant jusqu’à souffler une désobligeante campagne médiatique sur nos dignes représentants à l’international. Franck Nguema, l’actuel ministre des Sports, a été bien obligé de mentir comme un arracheur de dents : « Vos primes ont été volées par un inconnu ».
Si ces seuls éléments suffisent à faire la démonstration d’un projet d’éviction à la FEGAFOOT, la convocation de la CLNEI à Pierre Alain Mounguengui vient conforter cette thèse.
De quel corruption ou enrichissement illicite pourrait-on soupçonner le président de la FEGAFOOT, lorsqu’on sait que cet organe est une représentation de la FIFA au Gabon, et que ses financements viennent de cette instance ?
Si nécessité de faire des comptes et ou de vérifier ces dernier il y a, il aurait été plus logique que ce soit à la FIFA d’y procéder.
La déconfiture de Pierre Alain Mounguengui (déjà fragilisé) à la tête de la FEGAFOOT, en considérant qu’elle aura lieu, viendra de ce que ce dernier ait perdu tout contact avec Ali Bongo Ondimba, et que les Collégiens du Palais Rénovation aient acté sa décapitation. Rien ne leur résiste…du moins pour le moment.