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« Évitez de nous emmener des prisonniers au pouvoir » : le gros dérapage de Brice Clotaire Oligui Nguema qui révèle à la fois sa méconnaissance de l’histoire

Par Stive Roméo Makanga

Lors de son passage dans le Moyen-Ogooué ce lundi 31 mars, Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition et candidat à l’élection présidentielle du 12 avril prochain, a tenu des propos pour le moins surprenants.

Alors que les populations attendaient la présentation de son projet de société, c’est un discours teinté d’invectives et de sous-entendus politiques qu’il a livré, lequel suscite interrogations et incompréhensions sur les réseaux sociaux depuis quelques heures.

Le président de la transition a déclaré : « Je n’ai jamais frappé quelqu’un. Je n’ai jamais déshabillé quelqu’un dans ma vie. Je n’ai jamais émis des chèques en bois. Et je n’ai jamais fait la prison. Évitez de nous emmener des prisonniers au pouvoir ». Ces mots, visant manifestement Alain Claude Bilie By Nze, ancien Premier ministre d’Ali Bongo et également candidat à la présidentielle, soulèvent une question fondamentale : Brice Clotaire Oligui Nguema, rebaptisé C’BON connaît-il vraiment l’histoire politique mondiale ? Sait-il que de nombreux dirigeants historiques ont connu la prison avant d’accéder au pouvoir et ont marqué leur nation de manière positive?

Nelson Mandela, emprisonné 27 ans sous le régime de l’apartheid, est devenu président et le symbole de la réconciliation nationale en Afrique du Sud. Jomo Kenyatta, condamné par les Britanniques, devint le premier président du Kenya indépendant. Mahatma Gandhi, bien qu’il ne fût pas président, a forgé l’indépendance de l’Inde depuis les geôles coloniales. Plus récemment, Lula da Silva, emprisonné au Brésil, est revenu triomphalement à la présidence en 2022.

Ces figures illustrent qu’un passé carcéral n’est pas nécessairement synonyme d’inaptitude à gouverner. Est-ce qu’il le sait?

En suggérant le contraire, Brice Clotaire Oligui Nguema fait-il preuve d’une méconnaissance de l’histoire ou d’une stratégie de dénigrement ? Une élection présidentielle est un moment crucial où les candidats doivent convaincre par leurs idées, leur vision et leur programme. Les électeurs attendent des propositions concrètes sur l’économie, l’éducation, la santé, la justice, et non des attaques personnelles. Est-ce qu’il le sait ?

Pourtant, au lieu d’exposer ses solutions pour le Gabon, le général-président semble privilégier les imprécations, une attitude inappropriée pour un aspirant à la magistrature suprême. Un chef d’État se doit d’être rassembleur, au-dessus des querelles partisanes, et surtout, porteur d’un projet clair pour son pays. Si Brice Clotaire Oligui Nguema veut incarner l’avenir du Gabon, il doit se départir de ce genre de déclarations réductrices. La fonction présidentielle exige hauteur, sérieux et respect des adversaires politiques. Les Gabonais méritent mieux que des polémiques stériles : ils attendent un débat de fond sur les réformes nécessaires pour sortir le pays de la crise.

À quelques jours du scrutin, le temps est compté. Et les électeurs, plus que jamais, scrutent les paroles et les actes de ceux qui veulent les conduire. Est-ce qu’il le sait ? À l’évidence non.

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