Par Stive Roméo Makanga
Si la puissance d’un parti politique se mesure aussi à la faculté qu’il a d’élaborer des stratégies gagnantes, il faudrait définitivement songer à reconnaître que le Parti démocratique gabonais (PDG- au pouvoir depuis 1968) se hisse de ce point de vue au haut du palier.
Les stratèges du parti de masse ont sans conteste, une parfaite maîtrise de leur environnement politique. Au rythme effréné où vont les fusions-absorptions, il n’est pas étonnant que l’objectif primordial de conservation du pouvoir à l’issue de la présidentielle prochaine soit atteint.
Nul n’avait le détail de la manœuvre. Les analystes de notre microcosme politique s’étaient simplement bornés à penser que le parti d’Ali Bongo Ondimba était devenu anachronique, manifeste par le rejet qu’exprimaient les populations, en outre convaincues que la création d’Omar Bongo Ondimba et cie n’était plus digne de confiance. Après 53 ans de règne sans partage, cette conclusion était légitime, au regard du profond retard de développement qu’accuse encore le pays.
Mainmise sur les principales institutions, gestion hasardeuse de la chose publique, autant d’arguments qui ont conforté les populations dans leur rejet catégorique du parti au pouvoir.
La création de nouveaux appareils tels les Sociaux démocrates gabonais (SDG), la Restauration des valeurs (RV), Démocratie Nouvelle (DN)…structures politiques jugées dynamiques, quelques mois avant les scrutins couplés législatives et locales en 2018, a été perçu par plus d’uns comme une sorte de renouveau.
La déconfiture enregistrée par de nombreux partis de la majorité ayant longtemps fait le jeu du Pouvoir est représentative de la thèse que les populations avaient saisi l’urgence d’un changement de paradigmes pour s’extraire progressivement de la gadoue.
Mais avec les fusions-absorptions enregistrées ces récents jours, toutes au profit du PDG, il est évident que les stratèges de la première formation politique du pays avaient encore une assez belle longueur d’avance.
En accordant leurs suffrages aux derniers nés des écuries politiques, les gabonais étaient loin d’imaginer qu’il était question, encore une fois, d’une entourloupe bien menée par le parti au pouvoir.
Avoir voté les SDG, DN ou le RV, pour ne citer que ces derniers, renvoyait à une seule réalité : donner au PDG l’espoir que tout n’était pas perdu pour 2023, et que comparativement au phénix, cet oiseau mythique, il est toujours possible de renaître de ses cendres. Tout s’est joué comme sur un échiquier.
Fusion-absorption: comment le PDG a (de nouveau) réussi à duper les gabonais
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