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Gabon : À l’heure de la 5ᵉ République, que fait-on de John Marchos Ankely ?

Par Stive Roméo Makanga

Depuis la prestation de serment de Brice Clotaire Oligui Nguema, le Gabon semble avoir pris un virage institutionnel décisif. La transition militaire qui avait marqué l’avènement du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) a cédé la place à une nouvelle ère que beaucoup qualifient de 5ᵉ République. Si cette dynamique de renouvellement a conduit à des réformes audacieuses et des remaniements significatifs au sommet de l’État, des voix s’élèvent pour appeler à une extension de ce « nettoyage » à d’autres institutions clés de la République. Parmi les figures désormais sous le feu des projecteurs, le vérificateur John Marchos Ankely est désigné comme l’homme à remplacer pour impulser une véritable rupture.

En moins d’un an, Brice Clotaire Oligui Nguema a démontré sa détermination à réformer l’appareil étatique. Les décisions récentes prises à la présidence de la République en sont la preuve : des personnalités influentes comme Victorine Tchicot, Guy Rossatanga Rignault, ou encore Juste Loango Bouyomeka ont été écartées. Ces départs, bien que parfois critiqués, symbolisent une volonté de rompre avec les pratiques du passé et de préparer le terrain pour une gouvernance plus transparente et efficace.

Cependant, selon de nombreux observateurs, cette dynamique ne saurait se limiter au Palais présidentiel. « Nous sommes entrés dans une nouvelle République. Le chef de l’État doit étendre ce souffle de changement aux instruments stratégiques de l’État, où certaines figures ont montré leurs limites », confie une source proche des cercles de réflexion gouvernementale.

Le cas Ankely : un frein à la modernisation ?

John Marchos Ankely, vérificateur depuis plusieurs années, devrait être ciblé (à juste titres) dans les critiques grandissantes formulées par les populations. Bien que son expérience et ses compétences soient reconnues, force est de reconnaître qu’il incarne une vision administrative dépassée et peu en phase avec les ambitions de la nouvelle République. « Ankely a joué son rôle dans un contexte de transition, mais nous avons besoin de sang neuf pour impulser une dynamique plus en adéquation avec les aspirations actuelles », affirme un haut fonctionnaire ayant requis l’anonymat.

Un autre témoignage, émanant d’un cadre influent du ministère de l’Économie, va dans le même sens : « Si Pierre Duros a été considéré comme l’homme à abattre pour des raisons stratégiques, Ankely devrait également être remplacé. Il est essentiel que cette nouvelle République soit dirigée par des personnalités capables de porter le projet de transformation de l’État. »

La 5ᵉ République gabonaise repose sur des promesses de modernisation, de transparence et de responsabilité. Pour concrétiser ces ambitions, il apparaît indispensable que les institutions soient dirigées par des personnalités en mesure d’incarner le changement. Le maintien de figures jugées obsolètes pourrait ternir la perception de ce projet et ralentir sa mise en œuvre.

Si le président Brice Clotaire Oligui Nguema a initié un « nettoyage » à la présidence, il est attendu qu’il applique la même rigueur dans d’autres secteurs stratégiques. L’éviction de John Marchos Ankely pourrait être perçue comme un signal fort, confirmant la volonté de rupture avec les pratiques héritées des précédents régimes.

L’histoire retiendra que chaque République naît de choix décisifs. Reste à savoir si Brice Clotaire Oligui Nguema franchira ce pas en élargissant son cercle de réformes à des personnalités comme le tristement célèbre vérificateur, pour qui le temps semble désormais compté.

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