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Gabon/Coup d’Etat du 30 août : Et s’il s’était agi d’une réplique à la zimbabwéenne ?

Par Kongossanews

Par Stive Roméo Makanga

Au lendemain du coup d’Etat militaire du 30 août dernier, peu après la tenue du très controversé scrutin du 26 du même mois, les analystes politiques d’ici comme d’ailleurs essaient toujours de comprendre le sens profond de cet événement, qu’il faudra désormais et incontestablement ranger dans les annales de l’histoire.

Vrai coup d’Etat, ou simple « révolution de palais », comme l’estime le Pr Albert Ondo Ossa ? Dix jours déjà que le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema est au pouvoir. Avec le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), le nouvel homme-fort a déjà conquis les cœurs des gabonais, à l’exception de ceux qui, prudents tels des félins, attendent d’avoir confirmation de leurs thèses.

Dans cet ordre d’idée, la composition du gouvernement de Transition confortant les doutes, il semble que la thèse de la « révolution du Palais » soit la plus plausible, ce d’autant que des faits similaires aient déjà été observés au Zimbabwe, tout élément mis en perspective.

Qui ne se souvient pas de Grâce Mugabe, cette première dame qui, ayant un mari trop vieux, grabataire et incontinent, entrepris de diriger le pays à sa guise. Gravissant tous les échelons sur le plan politique à une vitesse éclaire, cette dernière s’empressa de mettre sur la touche les anciens hauts dignitaires de l’écurie politique de Robert Mugabe, allant jusqu’à contraindre à l’exile en Afrique du Sud, le Vice-président de la République de l’époque, Emmerson Mnangagwa.

La folie du pouvoir, ayant emprisonné l’esprit de Grâce Mugabe, la conduisit vers l’élaboration de plans sordides. La rumeur finit par gagner les salons feutrés des anciens généraux de Robert Mugabe, mis sur la touche à leur corps défendant. Les ambitions de la première dame peinaient à se dissimuler, notamment ceux de prendre le flambeau à son grabataire de mari, devenu trop sénile pour diriger quoique ce soit. Ou, à défaut, y positionner le ministre des finances, son amant.

Toutes les coordinations de renseignements du Zimbabwe ayant fait le point à Mugabe et ses proches, il parut évident pour le régime que dans un ultime recours de conservation du pouvoir, d’une part ; et de retour à l’ordre originel, d’autre part, Grâce Mugabe devait être mise sur la touche. Non pas elle seule, mais également tous les haut gradés acquis à sa cause, et aussi prêts à l’accompagner vers l’aboutissement de son projet, aussi démesuré fut-il.

LA CONTRE-ATTAQUE DE ROBERT MUGABE

Face au coup d’Etat en préparation, au passage en force soigneusement élaboré par Grâce Mugabe et les siens, l’« état-major » du président de la République s’activa à son tour à l’élaboration d’un autre «coup d’Etat sans effusion de sang ». Un véritable succès, comme celui du 30 août 2023, perpétré par les forces de sécurité et de défense du Gabon.

Dans la même semaine, le coup d’état ayant eu lieu le mardi, le vendredi, Robert Mugabe avait été escorté par la Garde Républicaine, à l’effet d’assister à l’inauguration de « l’Université Robert Mugabe », avec tous les honneurs dû à son rang. Puis, dans le même élan, le président pourtant « déchu » bénéficia d’une retraite bien huilée, avec les privilèges d’ancien chef d’Etat.

Lorsque les services de renseignements britanniques comprirent que Robert Mugabe avaient lui-même monté le coup pour « tuer » les appétits gargantuesques de pouvoirs de son épouse, ils durent tout concéder. Dès lors, Emmerson Mnangagwa succéda à Mugabe, le tout « sans effusion de sang ».

Dans le cas du Gabon, il faut dire qu’alors prisonnier de son propre système, seul un « coup d’Etat » pouvait rendre sa liberté à Ali Bongo Ondimba, dont l’épouse s’était attribué le rôle de nouvelle régente du Palais.

QUID DU GABON ?

Depuis la survenance du « Coup d’Etat » du 30 août, Ali Bongo Ondimba, d’abord placé en résidence surveillée, a bénéficié par la suite d’une liberté de ses mouvements. Jusqu’ici, rien n’a été annoncé par le CTRI quant aux finances publiques siphonnées par l’ancien président de la République. Que va-t-il se passer, au plan judiciaire, pour le président déchu ? Motus et boule de gomme. Autant dire qu’Ali Bongo Ondimba s’en tire plutôt à bon compte. Et, le nouveau gouvernement de Raymond Ndong Sima rendu public samedi 9 septembre courant apporte d’avantage de pièces manquantes au vaste puzzle.

BRICE CLOTAIRE OLIGUI NGUEMA TENU PAR DES LOBBYS ?

L’on avait déjà émis des doutes quant à la proximité du président de la Transition à Henri Claude Oyima, le grand argentier des Bongos, et les heureuses accolades n’ont d’ailleurs pas manqué d’éveiller des soupçons.

Autre fait curieux, Zackary Myboto, en entretient avec Brice Clotaire Oligui Nguema, a vu Paul Marie Gondjout, son gendre, jadis bannis par Sylvia Bongo Ondimba et la « Young Team », nommé au sein du très restreint gouvernement de la transition. Au sortir de cet échange privé avec le patriarche, il se susurre d’ailleurs que Chantal Myboto devrait reprendre le Maïsha, son bien, autrefois confisqué par la première dame déchue.

Plus intriguant encore, la nomination de Flavien Nzengué Nzoundou, jadis aide de camp d’Omar Bongo, relevé de cette charge au profit de l’actuel président de la transition, pour occuper le ministère des Travaux Publics. Avant la chute du régime Bongo-PDG, ce dernier a occupé le poste de secrétaire de cabinet d’Ali Bongo Ondimba, et coordonné la campagne présidentielle de ce dernier. Simple coïncidence, ou doit-on y lire un message subliminal ?

Dans le même temps, des sources explicitent la raison profonde de certaines nominations dans le gouvernement Ndong Sima. Le cas d’Herman Immongault, frère de Régis Immongault, recommandation évidente de ce dernier, qui aurait souhaité rester dans l’ombre, au bénéfice de son cadet, qui ne faisait que débuter en politique.

Idem pour Jonathan Ignoumba, haut-commissaire de la République déchu, dont la nomination aurait été une recommandation directe de Guy Nzouba Ndama.

A l’évidence, l’actuel président de la Transition n’a pas les mains aussi libres qu’il le laisse à penser. Le puissant lobby franc-maçon pourrait-être, sans conteste, le seul maître à bord et ce…depuis le début.

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