Par Stive Roméo Makanga
Trois mois après le renversement du pouvoir au Gabon, la tension persiste entre les acteurs politiques, notamment entre le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, nouveau chef de l’État, et Albert Ondo Ossa, principal challenger d’Ali Bongo lors de la présidentielle du 26 août 2023.
Albert Ondo Ossa, malgré l’euphorie initiale suscitée par le changement de pouvoir, continue de qualifier l’événement de “révolution de palais”. Sa récente déclaration lors du 42e anniversaire de la marche de la Gare routière, organisée par le Mouvement de redressement national (Morena), soulève des interrogations quant à son approbation de la nouvelle direction du pays.
Lors de cet événement, Ondo Ossa a souligné l’importance de comprendre les antécédents du processus politique en cours. Il a rappelé que le 30, date du changement de pouvoir, aurait été inconcevable sans le précédent du 26, jour de l’élection présidentielle. Cependant, depuis la prise de pouvoir par l’armée et la formation du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), l’attention sur l’élection de 2023 semble avoir considérablement diminué. Le CTRI a même annoncé l’annulation du vote, arguant que les conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif n’avaient pas été remplies.
Albert Ondo Ossa, qui se positionne comme un acteur majeur du redressement du pays, a exprimé son désir de restaurer les institutions en collaboration avec le nouveau chef de l’État. Malgré ses critiques antérieures sur l’efficacité des militaires dans cette tâche, il insiste sur le besoin d’une nouvelle ère pour le Gabon. Il a réaffirmé ses conditions pour le redressement du pays, déclarant fermement que seule une personne n’ayant ni tué ni volé pourrait accomplir cette mission.
Les relations entre Ondo Ossa et Brice Clotaire Oligui Nguema semblent complexes. Alors que le premier affirmait, après leur rencontre officielle en septembre, être venu vérifier que les conditions étaient réunies pour mettre fin au règne du système Bongo-PDG, le second, en tant que président de la transition, a annoncé un chronogramme pour une nouvelle élection en août 2025.
En toile de fond, des allégations de corruption planent sur le nouveau président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. En 2020, une enquête de l’organisation américaine OCCRP le liait, ainsi que la famille Bongo, à l’achat de propriétés coûteuses aux États-Unis avec de l’argent liquide. À ce jour, aucune communication officielle n’a été faite par les autorités gabonaises à ce sujet.
Dans cette période charnière de l’histoire gabonaise, les déclarations d’Albert Ondo Ossa reflètent un débat persistant sur la légitimité et la direction du nouveau régime. L’avenir politique du Gabon semble plus que jamais en suspens, avec des acteurs clés exprimant des visions divergentes pour le redressement du pays.