Par Stive Roméo Makanga
Si l’interpellation de Guy Nzouba Ndama, l’ancien président de l’Assemblée nationale est jusqu’ici apparue rocambolesque, du fait du milliard et 190 millions trouvés dans son pick-up, il faut avouer que l’agitation autour de cette affaire n’est que perte de temps et égarement.
Le leader de “Les Démocrates” avait tout cet argent en sa possession, certes. Mais il faut tout de suite tordre le cou aux équivoques. Il ne s’agit pas de l’argent volé dans les caisses de l’État, comme c’est si souvent le cas chez nous.
Les faits nous indiquent plutôt qu’il a été interpellé alors qu’il rentrait d’un séjour au Congo (Brazzaville). Et au nombre de ses affaires personnelles, cet argent liquide.
Guy Nzouba Ndama ne faisait donc pas s’échapper nos capitaux, bien au contraire, il en faisait rentrer. D’ailleurs, certains ont eu la justesse de rappeler qu’aucun plafonnement n’était arrêté sur les sommes devant transiter d’un pays à l’autre en zone CEMAC, bien qu’il aurait été opportun d’en faire le signalement.
On peut s’indigner de ce qu’un homme politique de cette trempe, et qui plus est de l’opposition, ait fait ce choix inopportun.
Mais gardons la thèse de début bien en place. L’ancien président de l’Assemblée nationale n’a détourné aucun fonds publics.
D’abord, disons d’emblée que comme président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama était payé plus de 100 millions de francs CFA mensuels, hors primes ni autres avantages, la présidente du Sénat touchant elle 200 millions mensuels.
Après 20 années bien remplies à la tête de cette institution de référence, on imagine qu’un milliard c’est un peu comme des pipi de chat, et qu’il n’y a pas matière à s’étonner du tout. Le système auquel il a jadis appartenu l’a gavé de sous.
Ensuite, si jamais les auditions devant le juge d’instruction devaient établir un possible financement occulte de précampagne, il n’y aurait là aussi aucune raison de s’offusquer. Ainsi est fait le mircocosme politique, ici comme ailleurs.
Doit on rappeler que pour la dernière présidentielle en France, Marine Le Pen, qualifiée pour le second tour face à Emmanuel Macron avait été financée, elle et son parti politique, par Vladimir Poutine ?
Idem pour son paternel, Jean Marie Le Pen, figure majeure de l’extrême droite, profondément intraitable dans son jugement pour les “nègres”, qui en son temps avait été financé par Omar Bongo Ondimba. Tous les acteurs de la France-afrique l’ont crié sur les toits.
Qu’il s’agisse de la Droite ou de la gauche, le président défunt a joué un rôle et non des moindres.
Que Denis Sassou Nguesso (puisque le débat semble désormais converger dans ce sens) finance x candidat ou y opposant, où en serait le mal, nom d’une bite allemande !
Tout ceci procède de la diversion, les vraies questions demeurant en suspens.
Le premier septennat d’Ali Bongo Ondimba nous a tous mis d’accord sur un point: l’évasion fiscale et les détournements massifs de l’argent public sont historiques. Avec un endettement de plus de 70% de notre PIB, l’implosion se tient juste à la porte d’à côté. L’inflation galopante qui sévit désormais dans tout le pays ne rassure plus personne.
Les coupables des détournements sont connus, ils sont tous (ou ont été) les collaborateurs d’Ali Bongo Ondimba.
Après les révélations tonitruantes de Patrichi Tanasa Mbadinga, l’ancien patron de la GOC, et Ike Ngouoni, l’ex porte-parole de la présidence de la République, la justice gabonaise s’est encastrée dans un mur de silence.
On l’a tous compris, Sylvia Bongo Ondimba, Noureddin Bongo Valentin, Jessye Ella Ekogha, Arnaud Engandji et consorts, ne seront jamais auditionnés.
Ainsi va la République. On se trémousse sur des sujets de moindre importance. Quel pays!
Guy Nzouba Ndama n’a pas volé l’argent de l’État
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