Pour bâtir une démocratie il faut du temps, certes, mais à 61 ans après l’indépendance, on en est encore à l’ensauvagement des populations.
Simple excès de zèle ou instrumentalisation ? Peu importe la réponse, les malheureux événements intervenus dans la sébé brikolo le week-end écoulé témoignent de l’urgence d’un ressaisissement.
Les grandes démocraties doivent constituer pour nous, pays en quête d’un modèle propre, des références dont il faudrait à tout prix s’inspirer.
En s’opposant à l’excursion d’Alexandre Barro Chambrier (ABC) dans le Haut-Ogooué, les suppôts du PDG (parti au pouvoir) ont fait un double aveu.
D’abord, que le parti d’Ali Bongo Ondimba, dont les méthodes d’ensauvagement sont décriées par tous, se conforte dans cette posture, et s’ingénie, au moment où la démocratie gagne -enfin- de plus en plus du terrain en Afrique, à torpiller cet élan pourtant crucial.
Ensuite, les invectives et ultimatums à l’endroit d’ABC et son équipe attestent de ce que le leader du Rassemblement pour la patrie (RPM) est un adversaire dont l’influence est crainte.
Les heurts “planifiés” dans la perspective d’arrêter sa progression dans cette partie du pays soutiennent ces évidences.
S’exprimant sur ces entrefaites, le fils Chambrier a regretté l’activisme de “quelques esprits égarés qui sont manipulés et instrumentalisés”, soutenant que “le Gabon est notre bien commun”.
On ne l’imagine donc pas s’arrêter en si bon chemin.
Si de nombreux transfuges du PDG, première formation politique du pays, ont regagné les rangs à moins de deux ans de la présidentielle, Alexandre Barro Chambrier se tient lui, bien à l’écart d’un tel scénario.
À ce sujet, son propos est sans équivoque. Et pour rassurer les populations sur sa position, il a été on ne peut plus explicite : “Je ne suis pas prêt à discuter avec Ali Bongo Ondimba à n’importe quel prix”.
Pour les “chasseurs de têtes” d’Ali Bongo, c’est bien une douche froide. Dans leurs agendas, ils peuvent mettre une croix sur cette hypothèse.
Au prochain scrutin, ABC portera bel et bien les gants contre le président sortant.
Par Stive Roméo Makanga