Hommage à Jean de Dieu Moukagni Iwangou : quand s’éteint une lumière du Gabon
Par Joseph Moundruma
Il y a des départs qui laissent un vide au-delà des frontières politiques. Celui du Président Jean de Dieu Moukagni Iwangou, figure de la conscience républicaine gabonaise, en est un. Son engagement, sa droiture, et sa fidélité à l’idéal de justice continueront longtemps d’habiter la mémoire collective.
Dans un message d’une rare intensité, Pambo Jerry, secrétaire exécutif adjoint du parti Réappropriation du Gabon, de son indépendance, pour sa reconstruction (RÉAGIR), a livré un hommage bouleversant à celui qu’il appelle » la lumière d’un Gabon qui se fissure chaque jour « . À travers une réflexion inspirée du roman Les Misérables de Victor Hugo, il interroge notre société : « Qui sont les misérables ? Ceux qui vivent dans la pauvreté la plus extrême ? Ceux qui, au sommet, l’alimentent ? Ou nous, qui finissons par nous habituer à l’injustice ? »
Dans une époque où la politique se confond trop souvent avec la compromission, Moukagni Iwangou représentait une autre voie. Comme Grégory Ngbwa Mintsa avant lui, il a choisi la proximité avec les sans-voix, préférant « les caisses vides mais les mains propres « à la richesse du pouvoir.
« Il a partagé la vie du peuple, ses manques, ses blessures, ses humiliations silencieuses », rappelle Pambo Jerry. À travers ces mots, transparaît la figure d’un homme profondément humain, lucide sur les dérives du système, mais toujours fidèle à l’idéal républicain.
« Il est parti seul, épuisé, injustement abandonné par un État qui, pourtant, lui devait reconnaissance et protection », écrit encore le secrétaire exécutif adjoint de RÉAGIR.
Une phrase lourde de sens, qui sonne comme un réquisitoire contre un système où l’on honore souvent les courtisans plutôt que les consciences. Moukagni Iwangou, ancien ministre et juriste reconnu, avait incarné une exigence morale rare dans la vie publique gabonaise.
Son combat pour la dignité du citoyen ordinaire, pour la transparence et l’État de droit, lui avait valu autant de respect que de solitude.
L’hommage de Réagir dépasse la simple émotion. Il s’élève en leçon civique :
« Combien de Gabonais vivent la même injustice, leurs salaires coupés, leur dignité rongée ? Combien doivent encore tomber avant que nous comprenions que la souffrance de l’un finit toujours par atteindre l’autre ? «
Ces interrogations sonnent comme un avertissement à une société en quête de repères.
Pour Pambo Jerry, Moukagni Iwangou restera un repère, un symbole de résistance éthique :
« Vous avez vécu debout, même lorsque le monde voulait vous faire plier. Vous avez défendu notre pays, le Gabon, sans jamais cesser d’y croire. Vous avez semé, et nous continuerons. «
Et de conclure, avec la gravité d’un testament politique :
« Quand on veut éteindre une nation, on commence par briser ses porteurs de lumière. Mais les lumières ne meurent pas. Elles reviennent. Dans la mémoire, dans la parole, dans l’Histoire. »
Au-delà des clivages, cet hommage rappelle qu’un pays ne se construit pas seulement avec des institutions, mais avec des consciences. Moukagni Iwangou appartenait à cette race d’hommes rares, dont la disparition n’éteint pas la flamme, mais la transmet.
Dans un Gabon en quête de vérité et de justice, son nom résonne comme celui d’un veilleur, un homme debout, même dans la tempête.



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