Par Stive Roméo Makanga
Faute avouée, à moitié pardonnée, dit l’adage. Cependant, dans certains cas, il arrive que même l’aveu soit impossible, parce que trop dur à admettre. C’est probablement le sentiment qui a traversé Ali Bongo Ondimba, alors interrogé par Marwan Ben Yamed, du journal Panafricain Jeune Afrique.
“Je ne suis pas homme à ressasser le passé, qui vit avec des regrets ou des remords. Je regarde vers l’avenir. “, a répondu le président Gabonais, interrogé sur les déceptions qu’il pourrait avoir au terme de 14 années de magistère.
Si cette assertion peut être, à juste titre d’ailleurs, être considérée comme une fuite en avant face à une question aussi cruciale, il serait aussi juste d’affirmer qu’Ali Bongo Ondimba ne compte pas du tout changer, parce que convaincu d’être dans le vrai.
Alors qu’il pensait pouvoir laver son image si durement souillée par 14 années de virevoltage, de reculade et de paralysie systématique de tout l’appareil de l’État, l’interview du président gabonais à Jeune Afrique a plutôt eu l’effet inverse.
Entre les lignes, il est clair qu’il sera bel et bien candidat pour un troisième mandat, qu’il utilisera tous les moyens en sa possession pour se maintenir au pouvoir, et que sur le plan de la gestion de la chose publique, aucune amélioration n’est à espérer.
Dans les grandes traditions initiatiques, la véritable rédemption est un vaste processus, qui intervient toujours après acceptation des erreurs commises au cours de ses pérégrinations terrestres. De fait, l’initié prend la résolution de s’amender, cela en corrigeant les erreurs de naguère.
Tout parallèle établi avec le cas Ali Bongo Ondimba, il est certain que le but recherché par le chef de l’État n’est assurément pas la rédemption. Bien au contraire.
En s’interdisant tout exercice rétrospectif sur sa gestion de la chose publique, Ali Bongo Ondimba ne peut donc pas assurer travailler pour un avenir prétendument heureux et prospère pour les populations.
Avec un échec aussi cuisant, et certains le lui concèderont, impossible d’en parler à coeur joie.