Par Stive Roméo Makanga
Faut-il encore croire en l’opposition ? La réponse est un “non” énergique et systématique. Et, samedi 28 janvier dernier, par sa dernière prise de parole dans son fief de Nkembo, dans le 2e arrondissement de Libreville, Jean Eyeghe Ndong a eu toutes les bonnes raisons de nous convaincre de ce présupposé.
Déjà, le microcosme politique gabonais nous a souvent donné toutes les raisons d’en venir à cette conclusion. Mais notre obstination à croire le contraire a très souvent été plus forte que les évidences.
Devrait-on encore s’offusquer que Jean Eyeghe Ndong dise tout haut qu’il soutiendra la candidature d’Ali Bongo Ondimba pour le compte de la présidentielle de 2023? Bien-sûr que non.
René Ndemezo’o Obiang et Michel Menga M’Essone l’ont dit sans la moindre vergogne. Et avant eux, d’autres transfuges de même acabit.
Il faudra définitivement consentir à enseigner
l’art du papillonnage politique
comme une science formelle, et ce dès la première année d’université. Qu’importe que l’on soit en faculté des lettres et des sciences humaines, ou en faculté de droit et des sciences économiques. Il faut tenir compte des évolutions sociologiques.
Quel sang froid faut-il avoir pour oser revenir auprès des mêmes populations et leur demander de voter pour quelqu’un qu’on a vilipendé, détruit et qu’on n’a pas hésité de calomnier sans raisons? Que ce soit aux côtés de Jean Ping en 2016, ou d’André Mba Obame, en 2009, Jean Eyeghe Ndong ne s’est pas fait prier.
Tonitruant, vociférateur impénitent, il est celui qui avait présenté Ali Bongo Ondimba comme le mal du Gabon, usant de toute sa rhétorique pour le démontrer.
« J’invite mes frères et sœurs, mes enfants du 2ème arrondissement de suivre pendant les élections présidentielles qui vont arriver à suivre une option qui consistera à écouter le chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba », a-t-il déclaré samedi dernier, à la stupéfaction générale. Juste incroyable.
Dans son interview dédiée à Studio Magazine, en 2002, Costa-Gavras déclarait : “la politique ne se résume pas au choix d’un candidat aux élections, c’est une manière de vivre”. Cette assertion se vérifie-t-elle dans le cas du dernier premier ministre d’Omar Bongo ? Impossible.
Et, que penser de cette maxime populaire? : “Tout homme a un prix. L’essentiel c’est de trouver le bon”. Doit-on conclure qu’Ali Bongo Ondimba a trouvé celui qui sied à Nza fe? Chacun a désormais sa petite idée.
Avec une nomination, quelques costumes, un bolide et quelques devises, on peut arriver à changer les convictions de n’importe qui, y compris celles du plus brave des hommes.