Par Joseph Mundruma
Tout part de la découverte de la Pierre de Rosette, par Napoléon Bonaparte et ses hommes, lors de son expédition en Egypte. Ce point de départ fut décisif.
En juillet 1798 Napoléon Bonaparte fait un débarquement en Egypte. Il s’agit, en réalité, du détachement d’un corps d’ingénieurs militaires spécialisés dans la fortification des édifices. Ces derniers vont précisément à Rachid, petite ville située dans le Delta du Nil, et plus connue sous le nom de Rosette.
Dans un vieux château rebaptisé fort Jullien, en mémoire d’un aide de camp de Bonaparte, en 1799 et au cours des travaux de terrassement, une immense stèle noire couverte d’inscriptions vient d’être découverte.
Sur instructions du général Menou, la stèle est envoyée à l’Institut d’Égypte, où sont établis 160 savants.
Sans perdre une seule minute, plusieurs spécialistes du grec pensent à décoder les inscriptions sur cette pierre, qui fait 112 cm de haut, 75 cm de large, 28 cm d’épaisseur et pèse pas moins de 762 kilos.
Normal, puisque sur ce délicat vestige, 54 lignes de grecs y sont inscrites. Après un travail acharné, ces derniers découvrent que les lignes de grecs sont en fait un décret promulgué à Memphis par le pharaon Ptolémée V Épiphane en 196 av. J.-C.
Mais outre le grec, il y a aussi 32 lignes de démotique (écriture simplifiée des anciens égyptiens), et 14 lignes de hiéroglyphes.
Les spécialistes pensent alors qu’il s’agit du même décret. De fait, l’excitation est à son comble. En traduisant les hiéroglyphes, c’est tout le mystère de l’écriture des anciens égyptiens qui serait découvert.
Tout va donc très vite. En 1800, les mois qui suivent, une copie des inscriptions est envoyée à l’Institut de France, à Paris.
Dans le même temps, Napoléon Bonaparte est en très mauvaise posture. Face aux anglais sur le champ de bataille, ses hommes, déjà décimés par l’épidémie de peste, perdent les duels.
Un retour en France est donc envisagé. Les défaites s’enchaînent. Le général Menou paraphe les termes de la capitulation, et ne compte surtout pas laisser les collections françaises aux anglais.
Ainsi, parmi toutes les pièces majeures détenues par les français, la Pierre de Rosette est offerte par le roi Georges III au British Museum.
CE GÉNIE QU’EST JEAN FRANÇOIS CHAMPOLLION
Depuis la Renaissance, les hiéroglyphes sont restés un mystère. Les plus grands savants européens ont échoué à les déchiffrer. Seul Isaac Silvestre de Sacy, un orientaliste français, parvient à identifier l’emplacement des noms propres dans le texte démotique. Thomas Young, un médecin et physicien anglais arrive quant à lui à lire quelques signes.
Cependant, Jean François Champollion, qui s’était déjà passionné, depuis son enfance pour l’Égypte et étudié le copte, une langue descendant de l’Égypte ancien, arrive à décoder le mystère de cette langue disparue depuis plus de 15 siècles.
C’est lorsqu’il est encore adolescent qu’il découvre par son cousin, Louis de Champoléon, capitaine dans l’armée, la copie d’un relevé de la pierre de Rosette.
LES HIÉROGLYPHES DÉCRYPTÉS
Pris dans une passion hors du commun et une envie de décoder le mystère, Jean François Champollion étudie l’inscription figurant sur les lithographies que Jean-Joseph Marcel, imprimeur, lui a fait parvenir.
Le 27 septembre 1822, 21 ans après la découverte de la stèle, Jean François Champollion, qui n’a que 32 ans, annonce fièrement au secrétaire de l’Académie française que les hiéroglyphes ont été décodés.
Un succès qui lui vaut en 1826 une nomination par le roi Charles X comme premier conservateur du musée égyptien, futur département des antiquités égyptiennes du musée du Louvre.
Mais le père de l’égyptologie s’éteint en 1832, à 41 ans, dans des circonstances imprécises. Entre choléra et bilharziose contracté en Égypte,des infections parasitaires assez violentes, Jean François Champollion laissera à l’unanimité un héritage mémorable.
« Je suis tout pour l’Égypte, elle est tout pour moi », avait-il déclaré.
Jean François Champollion : l’homme qui a réussi à décoder les hiéroglyphes
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