Par Joseph Mundruma
Comme pour la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG), le Conseil National de l’Eau et de l’Électricité (CNEE) pourrait devenir un caillou dans la chaussure de Jeannot Kalima, le Ministre de l’Énergie. En effet, cette institution, clé dans la régulation et la planification des ressources en eau et en énergie, souffre d’un problème majeur : elle demeure locataire depuis plusieurs années. Alors que les besoins en infrastructure moderne et adaptée se font de plus en plus pressants, le CNEE est confronté à la nécessité urgente de construire son propre siège, ce d’autant que le bailleur actuel envisage une augmentation de loyer. La question est devenue encore plus cruciale depuis les directives du Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, lors de sa tournée républicaine.
Il faut dire que lors de ses prises de parole au cours des premiers mois de sa présidence, le général président avait formellement recommandé aux administrations publiques de sortir de la dépendance locative en construisant leurs propres infrastructures. « L’État doit se doter de ses propres bâtiments, sur ses propres terrains, afin d’optimiser les ressources et de réduire les coûts récurrents liés à la location », avait-il affirmé. Cette injonction résonne particulièrement pour le CNEE, qui, bien qu’en possession d’un terrain, laisse celui-ci à l’abandon, sans véritable projet de construction amorcé.
Jeannot Kalima, déjà aux prises avec une crise énergétique de grande envergure à la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG), doit également apporter une solution concrète à cette situation. La SEEG, en proie à des coupures d’électricité répétées dans le Grand Libreville, des dettes considérables et une mauvaise gestion, reflète les défis auxquels le ministre est confronté. Pour le CNEE, le défi est double : non seulement il doit organiser la construction d’un siège digne de ce nom, mais il doit aussi s’assurer que l’institution se modernise pour être à la hauteur des enjeux actuels.
Ce chantier ne serait pas simplement une question de conformité avec les recommandations présidentielles, mais également l’illustration d’une administration publique qui aspire à être plus efficace, plus autonome, et mieux équipée pour répondre aux attentes des populations. L’enjeu est donc de taille pour Jeannot Kalima qui devra prouver que le CNEE peut se redresser, tant sur le plan logistique que stratégique.
C’est pourquoi nous pensons que la construction d’un siège pour le CNEE ne serait pas seulement une question de logistique, mais aussi une démonstration de la capacité de l’État à moderniser ses institutions, à l’image de la vision prônée par le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Dans le cas contraire, la question à se poser est celle de savoir à qui profite le statut de locataire dont jouit allègrement le CNEE? S’agirait-il, là aussi et comme pour la SEEG, d’une affaire de rétrocommissions ? That is the question.
Le CNEE, sous la tutelle du Ministère dirigé par Jeannot Kalima, devra s’affirmer comme une institution clé, à même de jouer un rôle stratégique dans la gestion de l’eau et de l’énergie au Gabon.
Ci-dessous les missions du CNEE, organe peu connu par les gabonais.
(Décret n° 0658/PR/MERH du 21 Avril 2011)
Le Conseil National de l’Eau et de l’Electricité (CNEE) assure au nom et pour le compte de l’Etat, l’exécution du service public lié à la gestion des réseaux d’eau et d’éclairage public.
A ce titre, il est notamment chargé :
. de décider de la création des réseaux d’eau et d’éclairage public ;
. d’assurer les dépenses liées au fonctionnement de ces réseaux ;
. de proposer au gouvernement les niveaux de prélèvement destinés au financement des fonds spéciaux de l’eau et de l’électricité et, si nécessaire, de les ajuster ;
. de procéder aux arbitrages en matière d’extension des réseaux à l’intérieur des collectivités locales desservies par le service public ;
. de rendre les arbitrages pour ajuster les besoins des collectivités locales aux ressources effectives des fonds spéciaux de l’eau et de l’électricité ;
. de recenser les besoins d’extension des réseaux d’éclairage public et des installations à usage ou à destination du public alimentées en eau potable ou en électricité ;
. d’arrêter pour chaque collectivité locale desservie en eau potable ou en électricité par le service public, le montant des dépenses de consommation pris en charge par les fonds spéciaux de l’eau et de l’électricité ;
. d’arrêter les programmes des travaux d’entretien des réseaux d’éclairage public et des installations à usage du public, alimentées en eau potable ou en électricité et les programmes d’extension des réseaux d’éclairage public et des installations à usage public alimentés en eau potable ou en électricité.
Le CNEE peut recevoir des pouvoirs publics toute autre mission en rapport avec son domaine d’activité.